Pour Léon XIV, la philosophie a beaucoup à offrir au dialogue entre foi et raison
Xavier Sartre – Cité du Vatican
«Nous devons apporter notre contribution afin que la noble tâche de philosopher révèle davantage et mieux la dignité de l’homme créé à l’image de Dieu, la distinction claire entre le bien et le mal, et la structure fascinante du réel qui conduit au Créateur et Rédempteur.» C’est l’exhortation lancée par Léon XIV aux participants du congrès internationale de philosophie «Apports aux cultures: philosophie, christianisme et Amérique latine», organisée par l’université catholique Nuestra Señora de la Asunción, à Asunción, Paraguay et qui s’est ouverte mercredi 8 octobre pour trois jours. Le but de cette rencontre à laquelle participent différents philosophes originaires de tout le continent latino-américain, se présente comme un espace de rencontre, de diagnostic, de dialogue et de projection. Quatre distinctions sur lesquelles le Pape est revenu dans son texte.
La rencontre suppose que le croyant ne se maintienne pas à distance de ce que «les différentes écoles philosophiques proposent mais qu’il entre en dialogue avec elles en partant des Saintes Écritures», car «la pensée philosophique est un espace de rencontre privilégié avec ceux qui ne partagent pas le don de la foi», explique tout d’abord Léon XIV. Le philosophe qui croit peut faire un grand bien «par son témoignage de vie» poursuit-il, faisant siennes les paroles de Pie XII dans son encyclique Humani generis, dans laquelle le Pape Pie XII mettait en garde contre ceux qui exaltent la Parole de Dieu, et qui finissent par rabaisser la valeur de la raison humaine.
La raison seule ne peut pas tout appréhender
Concernant le diagnostic, il nous permet de «démasquer la prétention d'atteindre la connaissance transcendante par la simple analyse rationnelle, au point de confondre les biens propres à une vie “selon la raison” avec ceux qui ne peuvent nous parvenir que par la grâce divine» affirme le Saint-Père. Il faut éviter les écueils du pélagisme et de l’hégélianisme, c’est-à-dire se bercer de l’illusion que «la raison et la volonté suffisent par elles-mêmes pour atteindre la vérité». L’objectif est bien «avec une empathie sincère envers tous», d’apporter la contribution des catholiques «afin que la noble tâche de philosopher révèle davantage et mieux la dignité de l'homme créé à l'image de Dieu, la distinction claire entre le bien et le mal, et la structure fascinante du réel qui conduit au Créateur et Rédempteur».
Foi et raison doivent collaborer
À partir de là, le dialogue est l’étape successive, sachant que «la foi et la raison non seulement ne s’opposent pas mais s’appuient et se complètent de manière admirable» affirme Léon XIV, louant les figures de saint Justin, saint Bonaventure et saint Thomas d’Aquin. «Le penseur chrétien est appelé à être un rappel vivant de la véritable vocation philosophique comme recherche honnête et persévérante de la Sagesse. À une époque où tant de choses, et même les personnes elles-mêmes, sont considérées comme jetables, et où la multiplication des progrès technologiques semble occulter les problèmes les plus importants, la philosophie a beaucoup à remettre en question et beaucoup à offrir, dans le dialogue entre la foi et la raison, entre l'Église et le monde», ajoute le Saint-Père.
Reste à se projeter. Le Souverain pontife met en garde les philosophes croyants pour qu’ils ne se limitent pas à proclamer «le caractère exclusif de leur propre culture». Il souhaite au contraire qu’ils aident à situer les richesses culturelles «dans l'ensemble des grandes traditions de la pensée», afin d’aider les évêques, les prêtres et les missionnaires à porter la Bonne Nouvelle dans «un langage plus compréhensible et plus pertinent pour tous».
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