À la COP30, le Saint-Siège rappelle «le visage humain de la crise climatique»
Alexandra Sirgant – Envoyée spéciale à Belém, Brésil
Le deuxième volet politique de la COP30 a débuté lundi 17 novembre à Belém avec l’arrivée des ministres chargés des questions climatiques de chaque pays, dix jours après la venue des chefs d’États et de gouvernement au Brésil. Mardi 18 novembre, le chef adjoint de la délégation du Saint-Siège à la Conférence des Nations unies sur le climat a pris la parole dans l’enceinte onusienne pour rappeler les priorités vaticanes. Le nonce apolitique au Brésil a débuté son allocution en citant le message du Pape adressé aux participants à la COP30, lu par le cardinal Pietro Parolin le 7 novembre dernier lors du sommet des dirigeants: les défis posés par le changement climatique «mettent en danger la vie de tous sur cette planète et exigent donc une coopération internationale et un multilatéralisme solidaire et tourné vers l’avenir, qui place au centre le caractère sacré de la vie, la dignité donnée par Dieu à chaque être humain et le bien commun».
Multilatéralisme et transition juste
Mgr Giambattista Diquattro a poursuivi en détaillant les quatre questions clés pour la délégation du Saint-Siège. «Tout d'abord, il est essentiel de renforcer un "multilatéralisme cohésif et tourné vers l'avenir"» a-t-il déclaré. «Le changement climatique ne connaît pas de frontières et nécessite donc des efforts collectifs». Seul le multilatéralisme, «précieux et inévitable», peut «résoudre les problèmes réels de l’humanité, en recherchant avant tout le respect de la dignité des personnes, de telle sorte que l’éthique prime sur les intérêts locaux ou de circonstance» a affirmé le nonce apostolique au Brésil, rappellent les mots du Pape François dans l’exhortation apostolique Laudate Deum, publiée peu avant la COP28 à Dubaï. C’est lors de cette même COP en 2023 que les États signataires ont convenu d'une sortie progressive des énergies fossiles. Une transition soutenue par le Saint-Siège, mais qui doit s’accompagner de justice et d’équité, «en gardant à l'esprit que les conséquences du changement climatique touchent principalement les plus pauvres et les plus fragiles», précise le nonce.
Les femmes et les filles en première ligne des effets du changement climatiques
Mgr Giambattista Diquattro a finalement insisté sur «le visage humain de la crise climatique». Dans cette perspective, le Saint-Siège espère que le Gender Action Plan (Plan d’action en faveur de l’égalité des sexes) reconnaîtra que les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par le changement climatique, en particulier dans les pays du Sud, et qu'elles jouent un rôle important dans la lutte contre ce phénomène. Dans ce contexte, a poursuivi le représentant du Saint-Siège à la COP, «il est essentiel de chercher un langage commun et un consensus, tout en mettant de côté les intérêts égoïstes, et en gardant à l’esprit la responsabilité que nous avons les uns envers les autres et envers les générations futures».
L’importance de l’éducation
Enfin, face à l’ampleur de défis climatiques, «les ressources économiques et opérationnelles sont nécessaires mais ne suffisent pas». «Nous ne pouvons atteindre les objectifs de l'Accord de Paris si les solutions politiques et techniques ne s'accompagnent pas d'un processus éducatif proposant de nouveaux modes de vie durables et respectueux de la Création», a déclaré le nonce apostolique. «Il est essentiel de renforcer le rôle transversal de l'éducation afin de garantir la réalisation des objectifs d'atténuation, la prise en compte des défis liés à l'adaptation, le renforcement des moyens de mise en œuvre, la prévention des pertes et des dommages et la réalisation de progrès» a-t-il détaillé. Le chef adjoint de la délégation du Saint-Siège a souligné les signaux encourageants envoyés par de nombreux États parties qui ont introduit des éléments liés à l’éducation dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), mises à jour à Belém lors de la deuxième série de propositions. Le diplomate du Saint-Siège a conclu en appelant à revenir au cœur, comme voulu par le Saint-Père: «Ce n’est qu’en retournant au cœur qu’une véritable conversion écologique peut avoir lieu».
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