Léon XIV: «La communication ne peut et ne doit pas séparer de la vérité»
Augustine Asta – Cité du Vatican
La RCS Academy est une école supérieure qui offre diverses formations dans les domaines du journalisme, de l'économie, de la communication et de l'entreprise. Les membres du Conseil consultatif de cette institution académique italienne discutent actuellement à Rome de la possibilité d'un nouvel «humanisme à l'ère numérique» et débattent de la relation entre «l'éthique et l'intelligence artificielle», mais aussi de la manière dont la communication peut être au «service des personnes» pour ne pas devenir un «système d'algorithmes qui reproduisent indéfiniment, sans aucune conscience ni connaissances, nos raisonnements, les transformant en simples données».
Faciliter l'éducation à l’ère du numérique et de l'intelligence artificielle
Pour le Pape, il faut «favoriser une citoyenneté locale et mondiale effective, sous le signe de la participation, de la solidarité et de la liberté». C'est la raison pour laquelle «l'éducation à l’ère des environnements numériques et à la relation critique avec l'intelligence artificielle est essentielle et ne doit pas être séparée du développement intégral des personnes et des communautés», a-t-il mis en garde. Léon XIV a recommandé d’éviter que la «surcharge d'informations et le vide de sagesse ne développent de nouvelles formes de déshumanisation et de manipulation qui, sous couvert d'autres apparences, font passer l'exploitation pour du soin et le mensonge pour la vérité». Or, indique-t-il dans la foulée, le travail de la RCS Academy a un double volet: «informer de manière responsable» et permettre aux destinataires «d'évaluer tout de manière critique, afin de distinguer les faits des opinions, les vraies informations des fausses».
Reconnaître et rendre accessibles les logiques qui génèrent les messages, a fait savoir le Pape, «est essentiel pour agir de manière consciente et responsable dans la construction globale du discours public». Les grandes entreprises ont un «rôle crucial à jouer dans ces processus, non seulement en tant que mécènes culturels, mais aussi en tant qu'acteurs engagés en première ligne». Il s’agit, a encore expliqué Léon XIV, d’un «travail minutieux» qui concerne «l'économie et les stratégies d'entreprise» et des «objectifs de croissance et de communication».
«Construire ensemble l'information de demain»
«On entend parfois dire: ‘‘Les affaires sont les affaires’’!», mais en réalité, «ce n'est pas le cas», a fustigé l’évêque de Rome. Puisqu’il n'y a pas de «véritable humanisme sans esprit critique, sans remise en question permanente», «sans le courage de se poser des questions qui interrogent le sens de nos actions: où allons-nous? Pour qui et pourquoi travaillons-nous? Comment rendons-nous le monde meilleur?». Ces réflexions «exigent du courage et de la clairvoyance, car il n'y a pas d'avenir sans justice», a-t-il prévenu. L'économie de la communication, a encore detaillé le Pape, «ne peut et ne doit pas séparer son destin de celui de la vérité».
Léon XIV les a par ailleurs invités à ne pas oublier le message que son prédécesseur a adressé au directeur du journal italien Corriere della Sera: «Ressentez toute l'importance des mots. Ce ne sont jamais seulement des mots: ce sont des faits qui construisent les environnements humains. Ils peuvent relier ou diviser, servir la vérité ou s'en servir. Nous devons désarmer les mots, pour désarmer les esprits et désarmer la Terre. Il y a un grand besoin de réflexion, de sérénité, de sens de la complexité.» Ce sont des mots, qui nous invitent à la «responsabilité et à l'honnêteté dans l'accomplissement de nos rôles respectifs, afin de construire ensemble l'information de demain», a-t-il révélé. Cela nécessite de la «créativité et une capacité de vision», «une réflexion prospective et constructive, qui libère la communication de la précipitation des modes, de la partialité des intérêts, de la polémique qui n'éduque pas à l'écoute», a déclaré le Successeur de Pierre. Ajoutant qu’il faut aussi mettre en avant de «nouvelles réflexions et de nouvelles perspectives, capables d'impliquer ceux qui sont exclus ou instrumentalisés par les logiques du pouvoir».
Le Souverain pontife en appelle aussi à leur conscience, afin qu'ils regardent «au-delà de l'horizon étroit de ce qui peut sembler être des avantages immédiats», mais qui, en réalité, «ne sont que des moyens d'appauvrir l'avenir». «Que l'Évangile du Christ, qui reste toujours une bonne nouvelle pour le monde, vous inspire toujours dans votre cheminement», a souhaité le Saint-Père, avant de clôturer son discours.
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