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Rencontre du Pape Léon XIV avec le monde du cinéma, 15 novembre Rencontre du Pape Léon XIV avec le monde du cinéma, 15 novembre   (@VATICAN MEDIA)

Léon XIV au monde du cinéma: «faites du cinéma un art de l’esprit»

Le Pape a reçu ce samedi 15 novembre quelque 200 acteurs du monde du cinéma en salle Clémentine au Vatican. Contemplant la beauté de cet «art populaire» qui est également un «laboratoire d’espérance, un lieu où l’homme peut revenir sur lui-même et son destin», le Saint-Père a souhaité que le cinéma demeure un lieu de rencontre, un refuge pour les chercheurs de sens, un langage de paix et d’espérance». Léon XIV a également exhorté les institutions à continuer de soutenir le septième art.

Françoise Niamien - Cité du Vatican

«Le cinéma est un art jeune, rêveur et quelque peu agité, même s'il a désormais cent ans. Il fête justement ces jours-ci ses cent trente ans, depuis cette première projection publique réalisée par les frères Lumière le 28 décembre 1895 à Paris». (...) «Destiné à divertir et à impressionner ces effets visuels ont su révéler des réalités bien plus profondes, jusqu'à devenir l'expression de la volonté de contempler et de comprendre la vie, d'en raconter la grandeur et la fragilité, d'en interpréter la nostalgie de l'infini». Tel un réalisateur, le Pape plantait ainsi le décor de sa rencontre avec ses hôtes du monde du cinéma venus à Rome en provenance de nombreux pays. Léon XIV leur a exprimé sa joie et salué avec gratitude ce que représente le cinéma: un art populaire noble, «né pour tous et s'adressant à tous».

La beauté du cinéma

«Il est beau de constater que, lorsque la lanterne magique du cinéma s'allume dans l'obscurité, le regard de l'âme s'illumine simultanément, car le cinéma sait allier ce qui semble n'être qu'un simple divertissement au récit de l'aventure spirituelle de l'être humain», a affirmé Léon XIV soulignant l'importance du cinéma.

“L'une des contributions les plus précieuses du cinéma est précisément celle d'aider le spectateur à se retrouver, à poser un regard neuf sur la complexité de sa propre expérience, à voir le monde comme pour la première fois et à redécouvrir, dans cet exercice, une part de cette espérance sans laquelle notre existence est incomplète”

Bien plus, le Pape peint le tableau du "septième art" comme étant un remède: «À travers vos œuvres, vous vous adressez à ceux qui recherchent la légèreté», mais aussi «à ceux qui nourrissent en eux une inquiétude, une quête de sens, de justice, de beauté». «Le cinéma est bien plus qu'un simple écran: c'est un carrefour de désirs, de souvenirs et d'interrogations. C'est une quête sensible où la lumière perce l'obscurité et où la parole rencontre le silence».
«Au fil du récit, le regard s'éduque, l'imagination s'épanouit, et même la douleur trouve un sens. Les structures culturelles comme les cinémas et les théâtres sont le cœur battant de nos territoires, contribuant à leur humanisation», a-t-il encore révélé. ( …) «Le cinéma, lorsqu'il est authentique, ne se contente pas de consoler: il interpelle. Il appelle par leurs noms les questions qui nous habitent et, parfois même, les larmes que nous ignorions devoir exprimer».
Toutefois «les salles de cinéma subissent une érosion inquiétante qui les éloigne des villes et des quartiers. Nombreux sont ceux qui affirment que l'art cinématographique et l'expérience du cinéma sont en danger», a déploré l'évêque de Rome invitant «les institutions à ne pas baisser les bras et à coopérer pour affirmer la valeur sociale et culturelle de cette activité». Un appel très applaudit par les acteurs, réalisateurs, scénaristes et autres représentants des métiers du cinéma présents à la rencontre.

«Vos œuvres, des signes lumineux»

Le Souverain pontife a dit trouver du réconfort à penser que le cinéma n'est pas seulement une série d’images en mouvement: c'est «l'espérance en mouvement!» Ainsi en cette Année jubilaire, où l’Église invite à marcher vers l’espérance, le Pape Léon XIV a révélé aux acteurs du monde du cinéma que leur présence, et œuvres artistiques quotidiennes, «sont des signes lumineux». Car «vous aussi, comme tant d’autres venus à Rome du monde entier, vous marchez en pèlerins de l’imagination, en chercheurs de sens, en narrateurs d’espérance, en messagers d’humanité».

“Votre route ne se mesure pas en kilomètres, mais en images, en mots, en émotions, en souvenirs partagés et en aspirations collectives”

C’est également «un pèlerinage au cœur du mystère de l’expérience humaine que vous parcourez d’un regard pénétrant, capable de reconnaître la beauté même dans les replis de la souffrance, l’espérance au milieu des tragédies de la violence et des guerres», a-t-il encore souligné.

«Notre époque a besoin de témoins d'espérance, de beauté et de vérité: par votre œuvre artistique, vous pouvez les incarner. Retrouver l'authenticité de l'image pour sauvegarder et promouvoir la dignité humaine réside dans le pouvoir du bon cinéma, de ses créateurs et de ses acteurs», a exhorté l'Évêque de Rome prodiguant ce conseil:

“N'ayez pas peur de vous confronter aux plaies du monde. Violence, pauvreté, exil, solitude, addictions, guerres oubliées: autant de blessures qui exigent d'être vues et racontées. Le grand cinéma n'exploite pas la douleur : il l'accompagne, il l'explore”

L'estime de l'Église

«L’Église vous porte une grande estime, vous qui travaillez avec la lumière et le temps, les visages et les paysages, la parole et le silence», a-t-il confié en rapportant les paroles du Pape saint Paul VI adressé aux acteurs du cinéma: «Si vous êtes amis du véritable art, vous êtes nos amis», rappelant que «ce monde, dans lequel nous vivons, a besoin de beauté pour ne pas sombrer dans le désespoir» (message aux artistes à la fin du Concile Vatican II, le 8 décembre 1965). De ce fait, le Saint-Père a souhaité renouveler cette amitié, car le cinéma «est un laboratoire d’espérance, un lieu où l’homme peut à nouveau se contempler et envisager son propre destin». Revenant également aux paroles d'un pionnier du septième art, le grand David W. Griffith qui disait: «ce qui manque au cinéma moderne, c'est la beauté, la beauté du vent dans les arbres», le successeur de Pierre a exhorté ses hôtes à «faire de leur art le cinéma un art de l’Esprit».

Laisser rayonner son charisme particulier

«L'art ne doit pas fuir le mystère de la fragilité: il doit l'écouter, il doit pouvoir se tenir devant lui. Le cinéma, sans être didactique, possède en lui, dans ses formes authentiquement artistiques, le pouvoir d'éduquer le regard». Reconnaissant aujourd’hui une époque marquée par des individualismes exaspérés et opposés, le Saint-Père a exhorté chaque acteur du monde du cinéma à laisser rayonner son charisme particulier grâce aux dons et aux qualités de ceux qui travaillent ensemble, dans une atmosphère collaborative et fraternelle. «Puisse votre cinéma demeurer un lieu de rencontre, un refuge pour ceux qui cherchent un sens à leur existence, un langage de paix». «Que le Seigneur vous accompagne toujours dans votre pèlerinage créatif, afin que vous puissiez être des artisans d'espérance», leur a souhaité le Pape Léon XIV au terme de son intervention.

Audience de Léon XIV au monde du cinéma

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15 novembre 2025, 09:59