À Beyrouth, les Libanais se préparent à l'arrivée du Pape Léon XIV, dimanche 30 novembre 2025. À Beyrouth, les Libanais se préparent à l'arrivée du Pape Léon XIV, dimanche 30 novembre 2025.   (AFP or licensors)

Au Liban, Léon XIV vient soutenir un peuple fatigué

Le Pape Léon XIV entame, ce dimanche 30 novembre, un pèlerinage au Liban sous le signe de la paix dans un pays traversé par de fortes tensions, et où le vivre-ensemble entre les différentes communautés religieuses a été fragilisé par les crises successives et la guerre entre le Hezbollah et Israël.

Jean-Charles Putzolu – Envoyé spécial à Beyrouth, Liban

En trois langues, les rues de Beyrouth sont tapissées d’affiches annonçant l’arrivée de Léon XIV ce dimanche. La devise du voyage, «Heureux les artisans de paix», se lit un peu partout en ville. Les avenues sur le parcours du Pape sont décorées de drapeaux libanais et du Vatican. Cette abondance d’affiches et les routes nouvellement goudronnées dissimulent cependant assez mal un contraste saisissant. Le luxe décomplexé côtoie la misère dans laquelle vit la grande majorité des Libanais.

L’attente d’une parole de paix

Dans un pays à genou et fatigué, affaibli par une succession de crises depuis 2019: économique, politique, la pandémie de Covid-19 et l’explosion du port de Beyrouth il y a cinq ans, la venue du Pape apporte une lumière d’espérance dans un pays qui «n’est pas en guerre, mais qui ne connait pas non plus la paix», fait observer sœur Sawiri, directrice d’école. Le Liban commence doucement à se relever, mais de grands défis attendent encore le pays. Les chrétiens continuent d'émigrer, certes dans une moindre ampleur qu’auparavant, mais l’hémorragie n’est pas jugulée, souligne le père François Boëdec, nouveau recteur de l’université Saint-Joseph de Beyrouth. Le jésuite avoue être démuni d’arguments pour empêcher ces départs. En revanche, «on peut espérer qu’ils reviendront un jour», confie-t-il, mais l’instabilité politique et le risque croissant d’un conflit ouvert avec le voisin israélien laissent dubitatif. «Nous avons les drones israéliens qui en permanence survolent le ciel du pays», poursuit le prêtre. «Comment arriver à cette paix? Par quel chemin? Je pense que c'est de cela dont le Souverain pontife va parler avec les responsables politiques et religieux qu'il va rencontrer», espère le père Boëdec. «Cela demande des personnes courageuses et responsables pour choisir les chemins de paix», ajoute-t-il.

 

Renforcer le goût de vivre ensemble

Remettre en marche le dialogue interreligieux, le goût du vivre-ensemble, c’est pour Mgr Raphaël Traboulsi, l’un des enjeux du voyage. En ce sens, la parole du Pape est attendue par toutes les communautés. «La rencontre interreligieuse devrait redonner de l’espoir à tous les Libanais», souhaite le vicaire chaldéen de Beyrouth. «Nous sommes invités à construire la paix avec les musulmans, nos frères dans ce pays, avec toutes les composantes du peuple libanais. Le Pape vient sceller ce travail commun que nous sommes en train d'accomplir», estime-t-il.

Les rendez-vous de prière

Léon XIV est attendu dans un contexte social, économique et politique encore fragile, mais il est attendu aussi pour les temps de prière avec les Libanais: la prière sur la tombe de saint Charbel lundi matin, la rencontre avec les jeunes au patriarcat maronite de Bkerké pour laquelle plus de 12 000 jeunes se sont inscrits, la prière silencieuse au port de Beyrouth et la messe sur le front de mer où des dizaines de milliers de fidèles se rassembleront mardi matin. Le Pape américain est attendu par les Libanais qui, lorsqu’on échange avec eux, expriment ouvertement le désir de prier avec lui, ici, chez eux, au pays du cèdre.

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30 novembre 2025, 10:30