Le Pape aux médecins: vous avez la responsabilité d'être les gardiens de la vie humaine
Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican
Le Souverain pontife commence sa missive par une mise en évidence du rôle central que joue la révolution numérique dans le contexte actuel de «changement d'époque». «Nous assistons actuellement à une période de progrès technologiques comparables à certains égards à la révolution industrielle, mais plus omniprésents. Ils influencent fortement notre façon de penser, modifiant notre compréhension des situations et la perception que nous avons de nous-mêmes et des autres. Nous interagissons actuellement avec les machines comme si elles étaient des interlocuteurs, devenant ainsi presque une extension d'elles-mêmes», explique le Pape, soulignant ensuite qu’avec cette nouvelle manière d’être dans le monde, «nous courons non seulement le risque de perdre de vue les visages des personnes qui nous entourent, mais aussi d'oublier comment reconnaître et chérir tout ce qui est véritablement humain».
La dignité humaine et le bien commun restent des «priorités absolues de tout progrès
Le Pape reconnait que le développement technologique a apporté «et continue d'apporter» des avantages considérables à l'humanité, «en particulier dans les domaines de la médecine et de la santé». Pour autant, note-t-il, «il est facile de reconnaître le potentiel destructeur de la technologie et même de la recherche médicale lorsqu'elles sont mises au service d'idéologies antihumaines», rafraichissant les idées sur les événements historiques qui pourraient constituer un avertissement. Aussi, indique-t-il, «les instruments dont nous disposons aujourd'hui sont encore plus puissants et peuvent avoir un effet encore plus dévastateur sur la vie des individus et des peuples». Afin de garantir un véritable progrès, le Saint-Père souligne qu’il est impératif que la dignité humaine et le bien commun restent des «priorités absolues pour tous, tant pour les individus que pour les entités publiques». Dans cette perspective, Léon XIV considère l’engagement de l'Académie pontificale pour la Vie et la Fédération internationale des associations médicales catholiques à explorer le potentiel de l'intelligence artificielle (IA) en médecine d’«une grande importance».
Ne jamais oublier la dignité ontologique qui appartient à la personne en tant que telle
Le Pape rappelle aux personnels de santé que c’est dans leur domaine que la fragilité de la condition humaine se manifeste le plus souvent, indiquant que c’est précisément pour cette raison que les professionnels de la santé - d’autant plus ceux qui sont responsables de l'utilisation de l'IA dans ce domaine - ont «la vocation et la responsabilité d'être les gardiens et les serviteurs de la vie humaine, en particulier dans ses phases les plus vulnérables». Ainsi, le Saint-Père prescrit à tous ceux qui sont engagés dans le domaine médical de ne jamais oublier «la dignité ontologique qui appartient à la personne en tant que telle, simplement parce qu'elle existe et qu'elle est voulue, créée et aimée par Dieu». «Plus la vie humaine est fragile, plus la noblesse requise de ceux qui en ont la charge est grande», insiste-il.
Veiller à ce que l’IA améliore véritablement les relations interpersonnelles et les soins prodigués
Le Souverain pontife insiste aussi sur le fait que «les dispositifs technologiques ne doivent jamais nuire à la relation personnelle entre les patients et les prestataires de soins de santé», indiquant que l’objectif même de fournir des soins aux individus souligne «le caractère irremplaçable des relations humaines dans ce contexte». Le professionnalisme médical, explique Léon XIV, «ne peut jamais se réduire à la simple résolution d'un problème». Il exige, dit-il, «non seulement l'expertise spécifique nécessaire, mais aussi la capacité de communiquer et d'être proche des autres». Dans cette perspective, souligne le Pape, «si l'IA doit servir la dignité humaine et la fourniture efficace de soins de santé, nous devons veiller à ce qu'elle améliore véritablement les relations interpersonnelles et les soins prodigués».
Aussi, compte tenu des intérêts économiques considérables souvent en jeu dans les domaines de la médecine et de la technologie, et de la lutte pour le contrôle qui en découle, le Pape rappelle qu’il est essentiel de «promouvoir une large collaboration entre tous ceux qui travaillent dans le domaine des soins de santé et de la politique, bien au-delà des frontières nationales».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici
