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Le Pape s'est adressé aux évêques italiens ce jeudi 20 novembre à Assise. Le Pape s'est adressé aux évêques italiens ce jeudi 20 novembre à Assise.   (@VATICAN MEDIA)

Le Pape à la CEI: une Église synodale a besoin de se renouveler constamment

Léon XIV s’est rendu jeudi matin 20 novembre à Assise, où étaient réunis les évêques italiens pour leur 81e Assemblée générale. Le Pape leur a demandé d’adopter «un esprit véritablement synodal», d’être le visage d'une Église collégiale où les décisions sont partagées. La question des regroupements diocésains, ou celle de la participation des laïcs aux choix des nouveaux évêques, ont été abordées. Il souhaite enfin que se développe une culture de la prévention contre toute forme d'abus.

Marie Duhamel – Cité du Vatican

Arrivé en hélicoptère vers 8 heures ce matin dans la ville du Poverello d’Assise, en Ombrie, le Pape s’est arrêté dans la basilique inférieure pour prier devant la tombe de saint François, avant de rejoindre les évêques italiens dans la basilique Saint-Marie-des-Anges, où il a prononcé le discours de clôture de leur 81e Assemblée générale.

Dans ce lieu «chargé d’histoire et porteur d’un message de foi, de fraternité et de paix» -à Assise où saint François a reçu du Seigneur la révélation qu’il devait «vivre selon la forme du saint Évangile», le Pape pose en préambule le fait que «se tourner vers Jésus», est la première chose à laquelle chacun d’eux est appelé. «Nous devons placer Jésus Chrits au centre», lance-t-il, convaincu qu’en cette période de grande fragmentation, il est nécessaire de revenir aux fondements de la foi, au kérygme. Il rappelle que garder les yeux fixés sur le visage de Jésus permet de regarder son prochain. «La foi en lui, notre paix, nous invite à offrir à tous le don de sa paix», d’autant plus nécessaire que l’époque est marquée par les fractures, tant nationales qu’internationales.

Le Pape dresse un tableau sombre où «des messages et des paroles souvent empreints d’hostilité et de violence se répandent». Il évoque la course à l’efficacité qui laisse les plus vulnérables de côté; la toute-puissance technologique qui étouffe la liberté; la solitude qui consume l’espérance, «tandis que de nombreuses incertitudes pèsent comme des inconnues sur notre avenir». Dans ce contexte, poursuit le Pape, «la Parole et l’Esprit nous exhortent encore à être des bâtisseurs d’amitié, de fraternité et de relations authentiques dans nos communautés, où, sans réticence ni crainte, nous devons écouter et apaiser les tensions, développer une culture de la rencontre et devenir ainsi une prophétie de paix pour le monde».

Pour une communion effective

Le 15 juin dernier, le Pape avait esquissé des orientations pour permettre à l’Église italienne d’incarner l’Évangile et d’être un signe du Royaume de Dieu, suggérant de proclamer le Message du salut, de construire la paix, de promouvoir la dignité humaine, la culture du dialogue et la vision anthropologique chrétienne. Autant de préoccupations qui ont également émergé du chemin synodal, effectué au niveau national. Le Pape appelle ainsi les évêques à définir en ce sens leurs pastorales, et leur offre quelques réflexions pour «qu'un véritable esprit synodal puisse grandir et s'épanouir dans les Églises et entre les Églises de notre pays». Léon XIV souhaite l’engagement «de tous» dans le défi d’une «communion effective», afin que se dessine «le visage d’une Église collégiale, unie dans des démarches et des choix communs».

Regroupements diocésains

Dans cette perspective, Léon XIV invite à ne pas «reculer devant la question des regroupements diocésains» face aux enjeux de l’évangélisation et aux mutations des dernières décennies, dans les sphères démographique, culturelle et ecclésiale. Surtout, lorsque les exigences du message chrétien invitent «à dépasser certaines frontières territoriales et à ouvrir davantage nos identités religieuses et ecclésiales, en apprenant à collaborer et en repensant l’activité pastorale en unissant les forces».

Prenant en considération la physionomie de l’Église en Italie, le Saint-Père souhaite, malgré la fatigue et le fait que cela puisse désorienter, que «les évêques de chaque région procéderont à un discernement attentif et pourront, peut-être, formuler des propositions réalistes pour certains petits diocèses aux ressources humaines limitées, afin d’évaluer si et comment ils peuvent continuer à exercer leur ministère».

Léon XVI rappelle que la synodalité implique de travailler ensemble, de construire des communautés «où les relations se traduisent par une coresponsabilité réciproque en faveur de la proclamation de l’Évangile». Cela implique «un exercice effectif de la collégialité», qui requiert non seulement la communion entre éveques et avec le Pape, mais aussi «une écoute attentive et un discernement sérieux des demandes du peuple de Dieu». En vue d'une coresponsabilité partagée, le Pape souhaite que la coordination entre le dicastère pour les Évêques, dont il fut le préfet, et la nonciature apostolique, favorise «une plus grande participation à la consultation pour la nomination de nouveaux évêques, ainsi qu'une écoute attentive des ordinaires en fonction dans les Églises locales et de ceux qui s'apprêtent à achever leur ministère».

Apprendre à dire au revoir

Pour le Pape, «une Église synodale, qui s’inscrit dans l’histoire tout en relevant les nouveaux défis de l’évangélisation, doit se renouveler sans cesse». Il souhaite que l’inertie n’entrave pas les changements nécessaires. À cet égard, Léon XIV souligne l’importance de respecter la norme des 75 ans pour la conclusion du ministère des Ordinaires dans les diocèses. Les évêques dépassant cet âge sont invités à «apprendre à dire au revoir». Une exception peut concerner les cardinaux, pour deux années supplémentaires.

Les terrains de mission de l’Église italienne

Revenant à la mission de l’Église, les évêques italiens sont invités à ne pas perdre la mémoire mais à garder le chemin parcouru depuis Vatican II vivant. Il leur demande ainsi de continuer à promouvoir un «humanisme intégral» qui, dit-il, aide et soutient le cheminement existentiel des individus et de la société; un sens de l’humanité qui exalte la valeur de la vie et le soin de chaque créature, et «qui intervient prophétiquement dans le débat public pour diffuser une culture de la légalité et de la solidarité».

Concernant le défi du numérique, le Pape demande à ce que l’accompagnement pastoral ne se limite pas à la simple utilisation des médias. Il faut «apprendre aux personnes à habiter les médias numériques avec humanité, sans laisser la vérité se perdre dans la multiplication des connexions, afin qu’Internet puisse véritablement être un espace de liberté, de responsabilité et de fraternité».

Marcher ensemble suppose d’être parmi les gens, en accueillant leurs questions et en apaisant leur souffrance. Le Pape leur demande de se faire proche des familles, des personnes isolées, des plus démunis. Il souligne le travail «admirable» des Caritas locales.

Prévention des abus

«Dans cette même optique de sollicitude», Léon XIV recommande enfin une attention particulière aux plus petits et aux plus vulnérables, «afin qu’une culture de prévention de toutes les formes d’abus puisse se développer». Accueillir et écouter les victimes, explique le Pape, sont les marques authentiques d’une Église qui, dans la conversion communautaire, reconnaît les blessures et s’efforce de les guérir, car «là où la douleur est profonde, l’espérance née de la communion doit être encore plus forte». Le Successeur de Pierre les encourage à poursuivre leur engagement en faveur de la protection des mineurs et des adultes vulnérables. À Assise, il souhaite que l’exemple de saint François donne à chacun la force de faire des choix inspirés par une foi authentique et d’être, en tant qu’Église, un signe et un témoin du Royaume de Dieu dans le monde.

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20 novembre 2025, 10:44