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Le Pape devant les évêques, prêtres, religieux et laïcs engagés de l'Eglise en Turquie. Le Pape devant les évêques, prêtres, religieux et laïcs engagés de l'Eglise en Turquie.  (AFP or licensors)

Le Pape exhorte l’Église en Turquie à cultiver une attitude spirituelle d’espérance

Au deuxième jour de son voyage sur la terre de «l’apôtre des gentils» et «terre promise» pour Abraham, «notre père dans la foi», le Pape a dans la matinée prié avec les évêques, prêtres, diacres, personnes consacrées et agents pastoraux œuvrant dans le pays. Dans la cathédrale du Saint-Esprit, il les encouragés à «cultiver une attitude spirituelle d’espérance confiante, fondée sur la foi et l’union avec Dieu», en témoignant avec joie de l’Évangile, regardant l’avenir avenir avec espérance.

Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

L’Église en Turquie (Türkiye), «terre sur laquelle l’histoire du peuple d’Israël rencontre le christianisme naissant, où l’Ancien et le Nouveau Testament s’étreignent et les pages de nombreux Conciles s’écrivent», dispose d'une petite communauté chrétienne, qui reste cependant «féconde comme la semence et le levain du Royaume», a reconnu Léon XIV, rappelant la richesse de la «longue histoire» dont elle est issue. Poursuivant, l'évêque de Rome a souligné que le Patriarcat Œcuménique est «un point de référence tant pour ses fidèles grecs que pour ceux qui appartiennent à d’autres confessions orthodoxes». Aussi, de nombreuses communautés chrétiennes de rite oriental, telles que les Arméniens, les Syriens et les Chaldéens, mais aussi celles de rite latin vivent encore dans cette patrie.

Cultiver la semence de la foi qui nous a été transmise

«La foi qui nous unit a des racines lointaines», toutes ancrées dans l’histoire de ce pays. Obéissant à l’appel de Dieu, en effet, Abraham notre père se mit en route depuis Ur en Chaldée, pour ensuite partir de la région de Canan, au sud de l’actuelle Türkiye, vers la Terre promise. Une fois les temps accomplis, après la mort et la Résurrection de Jésus, ses disciples se dirigèrent également vers l’Anatolie, et à Antioche – où par la suite saint Ignace fut évêque – ils furent appelés pour la première fois «chrétiens». C’est aussi à partir de cette ville que saint Paul entreprit certains de ses voyages apostoliques, en fondant de nombreuses communautés. C’est encore sur les côtes de la péninsule anatolienne, à Éphèse, que, selon certaines sources anciennes, l’évangéliste Jean, le disciple bien-aimé du Seigneur, aurait séjourné et serait mort.

En rappelant ces épisodes de l’histoire chrétienne, le Pape a voulu amener les pasteurs l’Église de la Turquie à prendre conscience que «l’histoire qui les précède n’est pas simplement quelque chose à se rappeler avant de l’archiver dans un passé glorieux». Ainsi, en adoptant «le regard évangélique, éclairé par l’Esprit Saint», il les a encouragés à «cultiver la semence de la foi qui nous a été transmise par Abraham, par les Apôtres et par les Pères».


Cultiver une attitude spirituelle d’espérance confiante

Le Souverain pontife a tout aussi rappelé à la petite communauté chrétienne turque la préférence de Dieu pour la «voie de la petitesse», soulignant que «le Royaume de Dieu ne s’impose pas en attirant l’attention, mais se développe comme la plus petite de toutes les semences plantées dans le sol». La force de l’Église, a insisté le Saint-Père, «ne réside pas dans ses ressources ni ses structures, pas plus que les fruits de sa mission ne proviennent du consensus numérique, de la puissance économique ou de l’importance sociale», mais bien au contraire, elle «vit de la lumière de l’Agneau», toujours appelée à «s’en remettre à la promesse du Seigneur: ‘‘Ne craignez point, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner son royaume’’». Ainsi, le Pape les a invités à «cultiver une attitude spirituelle d’espérance confiante, fondée sur la foi et l’union avec Dieu», en  témoignant avec joie de l’Évangile et en regardant l’avenir avec espérance.

Cultiver le sens d’écoute et d’accueil à l’égard des jeunes et des migrants

Par ailleurs, Léon XIV s’est réjoui de «certains signes de cette espérance (…) déjà bien présents» dans cette communauté, aussi «beaux» que «prometteurs». Il a cité, par exemple, les «nombreux jeunes qui frappent à la porte de l’Église catholique, en lui présentant leurs questions et leurs inquiétudes», exhortant les pasteurs spirituels à «poursuivre le travail pastoral rigoureux que vous menez à bien». Il a également encouragé à «écouter et à accompagner les jeunes», mais aussi à «prendre soin des sphères dans lesquelles l’Église en Turquie est appelée à œuvrer de manière particulière pour le dialogue œcuménique et interreligieux, la transmission de la foi à la population locale, le service pastoral aux réfugiés et aux migrants».

Concernant ce dernier aspect, le Souverain Pontife a fait remarquer que «la présence très importante de migrants et de réfugiés dans ce pays pose à l’Église le défi de l’accueil et du service de ceux qui sont parmi les plus vulnérables». Il a en même temps relevé le fait que «cette Église est composée d’étrangers et beaucoup d’entre vous – prêtres, religieuses, agents pastoraux – viennent également d’autres pays», appelant à «un engagement particulier en faveur de l’inculturation, afin que la langue, les usages et les coutumes de la Turquie deviennent toujours plus les vôtres».  


L’urgence de saisir l’essence de la foi chrétienne

Le Pape s’est aussi attelé sur le 1700ème anniversaire du premier Concile de Nicée - qui constitue l’objet même de sa visite – mettant l’accent sur son actualité et les défis qu’il nous lance aujourd’hui. Parmi les challenges, il a tout d’abord souligné «l’importance de saisir l’essence de la foi et le fait d’être chrétiens», affirmant que «Nicée nous invite encore aujourd’hui à réfléchir à cette question: qui est Jésus pour nous? Que signifie, dans son essence même, être chrétien?» C’est en répondant à cette double interrogation, a dit le Pape que le Symbole de la foi, «professé de manière unanime et commune», devient «un critère de discernement, une boussole, un pivot autour duquel doivent s’articuler notre croyance et notre action».

L’urgence de redécouvrir dans le Christ le visage de Dieu le Père

Poursuivant, le Souverain pontife a attiré l’attention de l’Église turque sur «l’urgence de redécouvrir dans le Christ le visage de Dieu le Père». «En Jésus, nous trouvons le vrai visage de Dieu et sa Parole définitive sur l’humanité et sur l’histoire», a dit Léon XIV, indiquant que «cette vérité remet constamment en question nos représentations de Dieu, lorsqu’elles ne correspondent pas à ce que Jésus nous a révélé, et nous invite à un constant discernement critique sur les formes de notre foi, de notre prière, de notre vie pastorale et de notre spiritualité en général».

Aussi, a-t-il mis en garde contre une sorte de «retour de l’arianisme» dans la culture actuelle, «et parfois parmi les croyants eux-mêmes», amenant les gens à regarder de ce fait Jésus avec «une admiration humaine, peut-être même avec un esprit religieux, mais sans le considérer vraiment comme le Dieu vivant et vrai présent parmi nous». Nicée rappelle que «Jésus-Christ n’est pas une figure du passé, il est le Fils de Dieu présent parmi nous, qui guide l’histoire vers l’avenir que Dieu nous a promis», a insisté le Vicaire du Christ.


Nécessité de distinguer le cœur de la foi des formules qui l’expriment

Le Saint-Père a enfin rappelé aux pasteurs ecclésiaux de la Turquie le devoir de toujours mettre en harmonie «la médiation de la foi et le développement de la doctrine». «Il est toujours nécessaire de transmettre la foi chrétienne à travers des langages et des catégories du contexte dans lequel nous vivons, comme l’ont fait les Pères à Nicée et lors des autres Conciles», a dit le Pape, indiquant que «dans un contexte culturel complexe, le Symbole de Nicée a réussi à transmettre l’essence de la foi à travers les catégories culturelles et philosophiques de son époque».

Il a en même temps souligné la nécessité de «distinguer le cœur de la foi des formules et des formes historiques qui l’expriment», lesquelles, disait-il, «restent toujours partielles et provisoires et peuvent changer au fur et à mesure que nous approfondissons la doctrine».

Le Souverain pontife a en effet rappelé l’insistance du nouveau docteur de l’Église, John Henry Newman, sur le développement de la doctrine chrétienne, non comme «une idée abstraite et statique», mais comme un reflet du «mystère même du Christ». C’est-à-dire, un «développement interne d’un organisme vivant, qui met en lumière et explicite mieux le noyau fondamental de la foi».

Istanbul, rencontre de prière, 28 novembre 2025, Pape Léon XIV

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28 novembre 2025, 07:13