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Toussaint: Saint John Henry Newman, proclamé 38e docteur de l'Église

«Je prie pour que l'éducation catholique aide chacun à découvrir sa vocation à la sainteté». Tel est le souhait exprimé par le Pape ce 1er novembre lors de la messe au cours de laquelle il a proclamé John Henry Newman docteur de l’Église. Le cardinal britannique était dévoué à l’éducation. S’appuyant sur les paroles de saint Augustin, le Pape a souligné que «nous sommes des compagnons d'étude qui n'avons qu'un seul Maître, dont l'école est sur terre et la chaire au ciel».

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

En la solennité de la Toussaint et à l’occasion du Jubilé du monde éducatif, le Pape Léon XIV a proclamé «saint John Henry Newman, docteur de l'Église», au cours de la messe qu’il a présidée place Saint-Pierre, et où étaient rassemblés 50 000 fidèles. Lors du rite consacré à cette proclamation, le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère des Causes des Saints a présenté au Saint-Père, la biographie du cardinal britannique. En tant que pasteur et théologien anglican, il fut un «ardent défenseur du principe dogmatique».

«Lorsque de nombreux ecclésiastiques anglicans, pour la plupart membres du Mouvement d'Oxford, se convertirent au catholicisme, John Henry Newman traversa une crise religieuse qui le conduisit lui aussi à adhérer au catholicisme en 1845». La même année, a poursuivi le préfet, il publia son «ouvrage, Essai sur le développement de la doctrine chrétienne, considéré par beaucoup comme le point culminant de sa recherche sur le sens de l'histoire, de l'homme et de sa relation avec Dieu. Son choix eut un grand retentissement dans toute l'Angleterre». Il voulut s'éloigner d'Oxford et s'installa à Birmingham. Puis le 30 mai 1847, dans la chapelle de Propaganda Fide à Rome, il fut ordonné prêtre. Fasciné par le charisme de saint Philippe Néri, il fonda la Congrégation de l'Oratoire en Angleterre.

Saint John Henry Newman, docteur de l'Église

Aujourd’hui, l’Église se souvient encore de John Henry Newman. Le Pape Léon XIV l’a nommé co-patron, avec saint Thomas d'Aquin, de toutes ces personnes qui participent au processus éducatif. Une décision du Souverain pontife accueillie avec joie dans l’assemblée, parmi laquelle se trouvaient la délégation de l'Église d'Angleterre conduite par l'archevêque anglican d'York Stephen Cottrell, des participants au Jubilé du monde éducatif: élèves, étudiants et éducateurs venus du monde entier. Mais aussi des jeunes de la «Course des Saints».

Des étoiles dans le monde

«L'imposante stature culturelle et spirituelle de Newman, estime le Pape, servira d'inspiration aux nouvelles générations au cœur assoiffé d'infini, disposées à réaliser, par la recherche et la connaissance, ce voyage qui, comme le disaient les anciens, nous fait passer "per aspera ad astra", c'est-à-dire à travers les difficultés jusqu'aux étoiles», a dit le Pape. Léon XIV a ainsi invité les éducateurs et institutions éducatives à «briller comme des étoiles dans le monde, grâce à l'authenticité de leur engagement dans la recherche commune de la vérité». En effet, la vie des saints, comme celle de John Henry Newman «témoigne qu'il est possible de vivre avec passion au milieu de la complexité du présent, sans laisser de côté le mandat apostolique», a noté le Souverain pontife.

Une mission pour Dieu

Né le 21 février 1801 à Londres et aîné de 6 enfants, le cardinal britannique a été baptisé dans l’Église anglicane. Converti au catholicisme, ses contributions significatives à la théorie et à la pratique de l'éducation, marquent encore les esprits. «Dieu, écrivait-il, m'a créé pour lui rendre un service précis. Il m'a confié une tâche qu'il n'a confiée à personne d'autre. J'ai une mission: peut-être ne la connaîtrai-je pas dans cette vie, mais elle me sera révélée dans la prochaine». Des mots, estime le Pape, qui expriment «magnifiquement le mystère de la dignité de chaque personne humaine et celui de la diversité des dons distribués par Dieu».

“Saint Augustin, que saint John Henry Newman appréciait tant, a dit un jour que nous sommes des compagnons d'étude qui n'avons qu'un seul Maître, dont l'école est sur terre et la chaire au ciel.”

Léon XIV a fait comprendre que «la vie ne s'illumine pas parce que nous sommes riches, beaux ou puissants». «Elle s'illumine lorsque nous découvrons en nous cette vérité: je suis appelé par Dieu, j'ai une vocation, j'ai une mission, ma vie sert à quelque chose de plus grand que moi! Chaque créature a un rôle à jouer», a rappelé le Saint-Père. La contribution de chacun est unique, et la tâche des communautés éducatives est d'encourager et de valoriser cette contribution, a-t-il poursuivi. Le Successeur de Pierre conseille de «former des personnes, afin qu'elles brillent comme des étoiles dans leur pleine dignité».

Des seuils d’espérance, de civilisation et de paix

Un message d’espérance, «semence indispensable», a ensuite été communiqué aux fidèles et pèlerins, lors de cette messe. Le Pape a dit considérer les écoles et universités, «comme des laboratoires de prophétie, où l'espérance est vécue, continuellement racontée et reproposée». L'éducation a un rôle fondamental à jouer, celui d'offrir cette «Douce Lumière» évoquée dans l’un des textes les plus connus de saint John Henry Newman, l'hymne Lead, kindly lightGuide-moi, douce lumière»).

“Guide-moi, douce Lumière, à travers l’obscurité qui m’entoure, que ce soit Toi qui me conduises!”

«Une Douce Lumière à ceux qui, sans cela, pourraient rester prisonniers des ombres particulièrement insidieuses du pessimisme et de la peur». L'évêque de Rome a invité à «désarmer les fausses raisons de la résignation et de l'impuissance», et à «faire circuler dans le monde contemporain les grandes raisons de l'espérance». Il a encouragé à faire des écoles, des universités et de toutes les réalités éducatives, y compris informelles et de terrain, «autant de seuils d'une civilisation de dialogue et de paix».


Le domaine éducatif a besoin d’un regard chrétien qui se pose également sur «ceux qui viennent de la grande tribulation», qui «reconnaît les visages de tant de frères et sœurs de toutes langues et de toutes cultures qui, par la porte étroite de Jésus, sont entrés dans la vie en plénitude». Pour le Pape, il y a lieu de s’interroger dans ce sens: «Les moins pourvus ne sont-ils pas des personnes humaines? Les faibles n’ont-ils pas la même dignité que nous? Ceux qui sont nés avec moins de possibilités ont-ils moins de valeur en tant qu’êtres humains, doivent-ils se contenter de survivre?» «La réponse que nous apportons à ces questions, a-t-il déclaré, détermine la valeur de nos sociétés et donc notre avenir

Les béatitudes, le message de Jésus éducateur

Léon XIV a ensuite mentionné le Pape François qui, lors de la première assemblée plénière du dicastère pour la Culture et l'Éducation, encourageait à «travailler ensemble pour libérer l'humanité de l'obscurité du nihilisme qui l'entoure, lequel est sans doute le mal le plus dangereux de la culture contemporaine, car il menace ‘‘de faire disparaître’’ l'espérance». S’arrêtant sur le sens de l'Évangile des Béatitudes proclamé ce 1er novembre, le Souverain pontife note qu’elles sont «le chemin et le message de Jésus éducateur», et «l'enseignement par excellence». Puis de préciser: «De la même manière, le Seigneur Jésus n'est pas un maître parmi tant d'autres, il est le Maître par excellence. Plus encore, il est l'Éducateur par excellence». En tant que disciples, «nous sommes à son école, en apprenant à découvrir dans sa vie», c'est-à-dire dans «le chemin qu'il a parcouru, un horizon de sens capable d'illuminer toutes les formes de connaissance».

“Je prie pour que l'éducation catholique aide chacun à découvrir sa vocation à la sainteté. Saint Augustin, que saint John Henry Newman appréciait tant, a dit un jour que nous sommes des compagnons d'étude qui n'avons qu'un seul Maître, dont l'école est sur terre et la chaire au ciel (cf. Sermon 292,1).”

L’appel à la sainteté du Concile Vatican II

Léon XIV a ensuite souhaité que les écoles et universités soient toujours des lieux d'écoute et de pratique de l'Évangile, tout en exhortant chacun à devenir saint, comme le demandait le Pape Benoît XVI aux jeunes lors de son voyage apostolique en Grande-Bretagne en septembre 2010. Au cours duquel il avait béatifié le cardinal John Henry Newman: «Ce que Dieu désire plus que tout pour chacun d'entre vous, c'est que vous deveniez saints. Il vous aime bien plus que vous ne pouvez l'imaginer et il veut le meilleur pour vous». «C'est l'appel universel à la sainteté que le Concile Vatican II a inscrit comme élément essentiel de son message (cf. Lumen gentium, chap. V). Et la sainteté est proposée à tous, sans exception, comme un cheminement personnel et communautaire tracé par les Béatitudes», a dit le Pape.

Béatifié par Benoît XVI le 19 septembre 2010, puis canonisé par François le 13 octobre 2019, le théologien et écrivain britannique, saint John Henry Newman (1801-1890) proclamé ce samedi «docteur de l’Église», rejoint ce cercle réduit de saints dont font partie notamment sainte Thérèse de Lisieux, saint Grégoire de Narek ou sainte Hildegarde de Bingen.

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01 novembre 2025, 11:35