Léon XIV exhorte l’Église du Liban à demeurer «ancrée au ciel» pour bâtir la paix
Jean-Paul Kamba, SJ – Cité du Vatican
Accueilli par les évêques et les représentants de la vie consacrée, le Saint-Père a ouvert son discours avec la devise de son voyage apostolique: «Heureux les artisans de paix». Il a rappelé l’estime que Saint Jean-Paul II portait au Liban, nation qu’il appelait «responsable de l’espérance», et qu’il exhortait à créer des «ambiances fraternelles» dans un contexte souvent marqué par les épreuves.
Des témoignages édifiants, signes de fidélité créatrice
Après un temps d’écoute de différents témoignages de la mission de l’Église au Liban, le Pape s’est réjoui que les paroles de ses prédécesseurs «n’ont pas été vaines, mais qu’elles ont au contraire trouvé une écoute et une réponse, car ici on continue à construire la communion dans la charité». Cette constance spirituelle, a-t-il poursuivi, plonge ses racines dans la prière silencieuse évoquée par la figure de saint Charbel, ainsi que dans le rôle unificateur du sanctuaire marial de Harissa.
«Notre vie est ancrée au ciel»: un appel à la confiance et au don
Reprenant l’un des symboles de son voyage, l’ancre, le Pape a cité son prédécesseur François pour inviter les fidèles à demeurer solidement attachés à Dieu, même dans la tempête. «Si nous voulons construire la paix, ancrons-nous au ciel», a-t-il encouragé, invitant à aimer sans crainte de perdre «ce qui passe» et à donner sans compter. Pour Léon XIV, de cette foi enracinée, naissent les œuvres concrètes de solidarité, semblables aux cèdres du Liban : fortes, durables et profondément enracinées.
La charité vécue sur le terrain: leçons de Debbabiyé
Évoquant le témoignage du Père Youhanna, dont la mission s'exerce à Debbabiyé, au nord du pays, le Saint-Père a salué le témoignage d’un petit village où, «malgré l’extrême pauvreté et sous la menace des bombardements», chrétiens, musulmans, Libanais et réfugiés syriens «cohabitent pacifiquement et s’aident réciproquement».
L’image de la pièce syrienne trouvée parmi les pièces libanaises dans le sac de la quête est devenue pour lui un symbole puissant : «cela nous rappelle que, dans la charité, chacun a quelque chose à donner et à recevoir, et que le fait de nous donner réciproquement enrichit chacun et nous rapproche de Dieu».
Rappelant les paroles de son prédécesseur, Benoît XVI sur la «victoire de l’amour sur la haine», le Souverain pontife a souligné que ce chemin seul permet d’affronter les injustices et les abus qui frappent encore tant de familles.
Jeunes, migrants et blessés de la vie: une responsabilité commune
Se tournant vers la jeunesse, Léon XIV a insisté sur la nécessité de lui offrir des perspectives réelles et un espace pour s’engager dans les structures ecclésiales, en appréciant la nouveauté qu’ils apportent et en leur laissant de la place. Et d’ajouter
Saluant ensuite l’engagement de Loren, elle-même migrante des Philippines, auprès des autres migrants, le Pape a rappelé les propos de son prédécesseur immédiat qui rappelait «à plusieurs reprises, dans ses discours et ses écrits, que face à de tels drames, nous ne pouvons pas rester indifférents, et que leur souffrance nous concerne et nous interpelle». Les communautés chrétiennes, a-t-il dit, ne doivent jamais laisser ceux qui frappent à leur porte se sentir rejetés, mais les accueillir avec un «Bienvenue chez nous !».
L’éducation comme refuge et espérance
Le Saint-Père a rendu aussi hommage au travail de sœur Dima, qui a maintenu son école ouverte malgré la violence, en la transformant en refuge pour les déplacés et en pôle éducatif. Dans ce lieu, a-t-il souligné, on apprend à partager «le pain, la peur et l’espérance, à aimer au milieu de la haine, à servir dans la fatigue et à croire en un avenir différent, au-delà de toute attente».
Encourageant l’Église du Liban à poursuivre son œuvre éducative, il a demandé une attention particulière aux plus fragiles, afin que «l’éducation du cœur accompagne toujours la formation de l’esprit». «Souvenons-nous que la Croix est notre première école, et que notre seul Maître est le Christ», a-t-il rappelé.
«Là où le monde ne voit que des murs et des crimes, nous voyons la tendresse du Père»
Le témoignage du Père Charbel, engagé en milieu carcéral, a permis au Pape d’évoquer la présence du Père miséricordieux auprès de ceux que la société marginalise. Dans les regards parfois perdus des détenus, a-t-il confié, brille souvent une «nouvelle espérance», reflet du visage même du Christ.
Une Église parfum du Christ
Avant la remise symbolique de la Rose d’or au sanctuaire de Harissa, Léon XIV a invité les participants à être, par leur vie, «parfum du Christ». Comparant ce parfum à celui des tables libanaises, riches, variées, ouvertes : «une table généreuse où tous peuvent se servir», le Pape a souhaité que telle soit l’image de la communion à laquelle le peuple de Dieu est appelé.
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