Léon XIV invite les services de renseignement à un usage éthique des informations

Marie Duhamel – Cité du Vatican

Quelque mille membres des services de renseignement italiens étaient réunis dans la Salle des bénédictions au Vatican ce vendredi midi pour leur audience avec le Pape, réjoui qu’ils aient choisi «de vivre ensemble le Jubilé en tant que communauté de travail».

Léon XIV a exprimé sa gratitude à ce service créé il y a cent ans, en 1925, pour afin de protéger la sécurité de l'État italien, mais qui a étendu depuis ses prestations au Saint-Siège et à l'État de la Cité du Vatican.

«Le travail que vous accomplissez (…) vous confère la lourde responsabilité de surveiller en permanence les dangers qui pourraient menacer la vie de la nation, afin de contribuer avant tout à la préservation de la paix». Anticiper les scénarios potentiellement dangereux pour la vie de la société revêt une grande importance, poursuit le Pape, qui souligne les qualités nécessaires à la profession, «compétence, transparence et confidentialité».

Des actions proportionnées, et sous contrôle

Le Pape les encourage à poursuivre leur mission avec professionnalisme et, parce qu’en un siècle, les défis aux auxquels les sociétés sont confrontées se sont multipliés et diversifiés, tandis que les capacités et outils de travail se sont affinés, «avec un regard éthique» qui tienne compte du respect de la dignité de la personne humaine et de l'éthique de la communication.

Dans certaines circonstances difficiles, «il n'est pas toujours facile de trouver un équilibre», reconnaît Léon XIV, «lorsque le bien commun à poursuivre nous semble plus important que tout le reste», il est possible de «courir le risque d’oublier l’exigence éthique» qui consiste à respecter la dignité de son prochain. «Les agences de sécurité doivent souvent collecter des informations sur des individus et ont donc un impact important sur les droits individuels», remarquait la Commission européenne pour la démocratie par le droit.

Or, pour le Pape, les activités de sécurité «ne peuvent jamais déroger au respect de la dignité et des droits de chacun».

Léon XIV juge ainsi nécessaire que des limites soient fixées, leur permettant de «rester vigilant face à la tentation». Il prône la promulgation et la publication de lois sur les activités de renseignement, qui seraient soumises au contrôle et à la surveillance de la magistrature. Le Pape souhaite que leurs budgets soient par ailleurs soumis à des contrôles publics et transparents.

Une éthique de la communication

Le Pape les met également en garde face à de nouveaux dangers «constants» dans un monde bouleversé par la révolution numérique et par l’avènement de nouvelles technologies tendant à toujours se perfectionner. «L'échange massif et continu d'informations exige une vigilance critique sur certaines questions d'importance vitale», le Pape en met plusieurs en exergue, «la distinction entre la vérité et les fausses nouvelles, l'exposition indue de la vie privée, la manipulation des plus fragiles, la logique du chantage, l'incitation à la haine et à la violence».

Léon XIV leur demande ainsi de veiller rigoureusement à ce que les informations confidentielles ne soient pas utilisées pour intimider, manipuler, faire chanter ou discréditer les politiciens, les journalistes ou d'autres acteurs de la société civile. Tout cela vaut également pour le domaine ecclésial, ajouter le Pape. «En effet, dans plusieurs pays, l'Église est victime de services de renseignement qui agissent à des fins malveillantes en opprimant sa liberté», explique-t-il. Le Pape les invite à l’exigence, à faire preuve «d’une grande stature morale».

Lors de cette audience, les membres des services de renseignement italiens ont été finalement encouragés à poursuivre votre travail en gardant toujours à l'esprit le bien commun, «en apprenant à évaluer avec discernement et équilibre les différentes situations qui se présentent à vous et en restant fermement attachés aux principes juridiques et éthiques qui placent la dignité de la personne humaine au-dessus de tout». Le Pape a souhaité que la grâce de Dieu ne manque pas de porter ses fruits au niveau personnel et, par conséquent, dans votre activité.

Léon XIV n’a pas non plus manqué de rendre hommage à leurs collègues ayant perdu la vie en mission. «Leur dévouement ne fait peut-être pas la une des journaux, mais il reste vivant dans le cœur des personnes qu'ils ont aidées et dans les crises qu'ils ont contribué à résoudre», a assuré le Saint-Père.