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2020.05.12 speranza, croce, mani

Méditation du 29e dimanche ordinaire C: L’impatience guette notre existence

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les textes du XXIXème dimanche de l’année liturgique C.

L’impatience guette notre existence. Souvent, nous espérons voir nos efforts rapidement récompensés lorsque nous poursuivons un projet qui nous tient à cœur. Souvent, nous acceptons difficilement de devoir attendre avant d’obtenir des réponses aux profondes interrogations qui nous habitent. Souvent, nous décidons d’agir seuls, sans prendre le temps de solliciter l’aide d’autrui, parce que nous pensons arriver ainsi plus vite à un heureux résultat. L’impatience nous guette … et peut-être tout particulièrement en ces jours où les résultats de nos prières pour la paix (dans le monde, dans nos pays, dans nos familles ou communautés) tardent à se manifester. Les textes de la liturgie de ce dimanche invitent à résister à l’impatience et ils nous appellent à habiter, dans la foi, la longue durée.

Nous pouvons être surpris par le récit de l’Exode entendu aujourd’hui. Il est rapporté que la victoire d’Israël, lors d’une bataille contre ses ennemis, dépend de la manière dont Moïse se tient : s’il maintient son bras levé, tenant le bâton de Dieu, alors Israël prend le dessus, et s’il laisse son bras retomber, alors les ennemis prennent l’avantage. Le livre de l’Exode nous rappelle que, à travers Moïse, c’est le Seigneur qui agit. Dans la Bible, Moïse nous apparaît comme l’agent du patient travail de Dieu avec son peuple.

Dans son adresse à Timothée lue ce dimanche, l’apôtre Paul l’encourage à agir avec détermination et patience. Les conseils prodigués sont clairs : « proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire ». Ce sont là des recommandations faites à un pédagogue qui, inlassablement, tente de faire passer à ses interlocuteurs l’invitation à accueillir pleinement les Ecritures. Timothée ne doit pas craindre la longue durée.

Enfin, c’est une parabole que raconte Jésus dans le texte de l’Evangile proclamé en ce jour. Un juge, aussi malhonnête et corrompu soit-il, finira bien par céder à une veuve qui ne cesse de crier vers lui pour obtenir justice. L’opiniâtreté de cette femme vulnérable perce la carapace dans laquelle le juge s’enferme, et le force à rendre justice. Encore faut-il que cette veuve montre sa détermination ! Jésus conclut cette parabole en affirmant que, si un juge malhonnête finit par se laisser déborder par l’insistance d’une veuve résolue à faire valoir ses droits, combien plus Dieu entendra-t-il nos prières insistantes … pour autant que nous les présentions avec foi.

Servir le Seigneur, l’aimer et le prier dans le temps long, au-delà de toute impatience : voilà peut-être ce que nous enseignent les lectures de ce dimanche. Ce temps long, c’est celui d’une relation qui se déploie au fil des ans, au-delà des tribulations ou des succès que nous connaissons jour après jour. Lorsque nous prions instamment le Seigneur pour la paix dans le monde - la paix loin de chez nous, mais peut-être aussi la paix dans nos pays, nos familles et communautés -, ne nous laissons pas décourager par ce qui nous apparaît être une trop longue attente avant de voir notre prière exaucée. La paix, la paix véritable, ne surgit pas de manière soudaine et, disons-le, magique ; elle arrive à condition que nos cœurs soient prêts à l’accueillir et que, sans attendre sa pleine réalisation, nous agissions déjà en vue de son arrivée. La paix qui nous sera donnée arrive pour autant que, dès aujourd’hui nous sommes décidés à agir en « artisans de paix ».

Que le Seigneur nous fasse grandir dans cette foi qui transforme nos cœurs et nous rend capables d’attendre activement le monde de justice et de paix qu’il nous promet !

(Ex 17, 8-13 ; 2 Tm 3, 14 - 4, 2 ; Lc 18, 1-8)

18 octobre 2025