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2023.07.25 la morte di Eli

Méditation du 33e dimanche ordinaire C : «Le règne de Dieu qui vient»

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les textes du XXXIIIème dimanche de l’année liturgique C.

Les textes de ce dimanche nous plongent dans une atmosphère de «fin du monde». Le prophète Malachie voit en la venue du jour du Seigneur l’occasion d’une clarification, où ceux qui auront commis le mal sombreront dans les ténèbres tandis que ceux qui auront craint le nom du Seigneur brilleront sous le soleil. L’évangéliste Luc rapporte comment Jésus répond à ceux qui s’extasient devant la beauté du temple de Jérusalem ; il en prédit la ruine et il précise que sa destruction sera précédée de diverses calamités (guerres, tremblements de terre, famines, épidémies, persécutions). Depuis plus de deux mille ans, c’est ce que nous observons, génération après génération : de terribles signes se produisent … un peu comme si le monde, notre monde, ne cessait de passer, dans la douleur, à une vie nouvelle. Les textes de notre célébration dominicale nous rappellent la fragilité du monde qui nous est familier et nous ouvrent vers l’accueil d’un monde nouveau, encore inconnu.

En ce sens, nous pouvons dire que les textes de ce dimanche nous tournent vers l’espérance. Par ses actes et son enseignement, Jésus n’a cessé d’éveiller ses auditeurs – au premier rang desquels, ses disciples – à l’accueil du « règne de Dieu qui vient ». Les contemporains de Jésus ont souvent interprété son message à travers une grille de lecture fort humaine : le « règne de Dieu qui vient » serait identifié à l’avènement d’un monde de réussites glorieuses, comme par exemple l’instauration d’un royaume prospère et invincible, conforme aux promesses faites au roi David et à sa descendance. Cette même grille de lecture perdure aujourd’hui, dans les rêves de puissance qui peuvent animer nos pays, dans notre façon de vivre la compétition comme l’expression d’une agressivité arrogante (et non comme une émulation vers le bien), dans notre résistance à promouvoir une véritable solidarité humaine, bref dans les aveuglements nourris par nos appétits de pouvoir.

Pourtant, « le règne de Dieu qui vient » qu’annonce Jésus est bien différent, comme le font pressentir tant de passages de l’Evangile. Ainsi par exemple, nous lisons dans l’Evangile de Luc (Lc 22, 24-27) que Jésus dit à ses disciples qui se querellent pour savoir qui d’entre eux est le plus grand : « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » Une autre illustration de ce qu’est ce « règne de Dieu qui vient » est donnée par l’apôtre Paul dans son adresse aux Philippiens (Ph 2, 5-11) : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. »  Oui, le message de Jésus nous prend à contrepied, engendrant incompréhensions et parfois – comme l’annonce l’Evangile de ce jour – persécutions.

Alors que notre monde est menacé de ruine si nous nous laissons envahir par nos fantasmes de puissance exacerbée, Jésus indique un chemin différent, à vivre au quotidien : la voie du « règne de Dieu qui vient », où la puissance se révèle dans la victoire de la Passion et de la Résurrection. Puissions-nous accueillir, toujours plus profondément, un tel message!

15 novembre 2025