Des jeunes d'Israël, de Palestine et des États-Unis unis pour la paix
Sebastián Sansón Ferrari – Cité du Vatican
«Là où j'ai grandi, on nous a dit de ne pas nous parler. Il y a un grand phénomène de déshumanisation de l'autre côté, donc apprendre à parler et à écouter l'autre récit est très important». C'est avec cette douloureuse constatation que l’israélienne Abigail Szor témoigne de l’importance de l’initiative «Meaning Meets Us», une expérience interconfessionnelle et interculturelle au cours de laquelle de jeunes musulmans, juifs et chrétiens réfléchissent au sens de la rencontre dans la construction de la paix.
Organisée du 2 au 5 février dans la Cité du Vatican, ce rassemblement est née de la nécessité de créer des espaces de dialogue après les attaques du Hamas contre Israël en octobre 2023. Des étudiants de l'Université hébraïque de Jérusalem ont lancé ce programme pour faciliter la compréhension entre des jeunes d'horizons différents. L'association privée internationale des fidèles Scholas Occurrentes a coordonné cette initiative, dont le point d'orgue a été la présentation des conclusions au Saint-Père à la fin de l'audience générale, le mercredi 5 février, dans la salle Paul VI.
Lors du bref échange à la fin de l'audience, ils ont remis au Souverain pontife une lettre et un sweat-shirt. Dans cette lettre, ils lui expliquent qu'ils ont abordé des questions difficiles ces derniers jours et précisent qu'ils ne recherchent pas le consensus, mais la capacité de se comprendre les uns les autres.
Lors de cet événement, Israéliens, Palestiniens et Américains ont décidé de surmonter leurs différences et de s'éloigner des discours de haine afin d'«avoir un dialogue complexe» et d'apprendre à comprendre le point de vue de l'autre. «Je suis venue parce que je veux que ces chiffres cessent», déclare Abigail, en montrant les deux autocollants accrochés à son t-shirt. L’un fait référence aux 47 000 palestiniens tués à Gaza, l’autre au 488 jours écoulés depuis l’attaque du Hamas et l’enlèvement de centaines d’israéliens. «Je ne veux pas que la guerre continue, je ne veux pas que les otages meurent et ne puissent pas rentrer chez eux, et je ne veux pas que plus de sang soit versé du côté de Gaza. J'ai des amis dans les deux camps auxquels je tiens et qui sont importants pour moi», explique la jeune Israélienne.
Pour Isabel Gonzales, qui étudie à l'université de Notre-Dame aux États-Unis, se réjouit d’avoir clôturer son séjour à Rome en saluant le Pape François. Elle souhaite retourner dans son pays pour partager les histoires qu'elle a entendues, ainsi que les expériences et les enseignements qu'elle a tirés, et pour soutenir les efforts déployés pour parvenir à la concorde. «Nous voulons tous vivre en paix et être heureux», dit-elle.
De son côté Maysan Madi, un Arabe palestinien, a déclaré qu'il s'agissait d'une expérience unique: «Je ne suis pas vraiment chrétien, mais j'ai tout de même ressenti la sainteté et la grandeur de cette salle, et le discours du Pape François était très puissant. Je pense que toutes les personnes présentes, quelles que soient leurs origines et leurs croyances, ont ressenti cela».
S’appuyant sur la méthodologie éducative de Scholas, basée sur l’art, les jeunes utilisent des expressions artistiques pour redécouvrir leurs réalités, dialoguer avec leurs propres histoires de vie et développer de nouveaux récits collectifs. Ils ont également effectué une «promenade poétique» dans différents quartiers de la Ville éternelle.
L'engagement de Scholas Occurrentes en faveur du dialogue interreligieux
Scholas Occurrentes est née à Buenos Aires comme une initiative éducative promue par l'actuel Pape François, Jorge Mario Bergoglio aux côtés des éducateurs Enrique Palmeyro et José María del Corral. Son objectif était de réunir des jeunes de différentes religions (catholiques, juifs et musulmans) dans un espace de dialogue et de coexistence interculturelle. Depuis 2017, l'organisation a organisé six rencontres interconfessionnelles mondiales, promouvant la compréhension mutuelle et la paix. Avec le soutien du Pape François, Scholas s'est imposée comme une référence mondiale en matière de dialogue interreligieux, étendant son influence grâce à des projets artistiques et éducatifs qui mettent en relation des jeunes d'horizons divers.
L'un des projets les plus marquants de Scholas a été la création, en 2023, d'une fresque murale de plus de 4 kilomètres pendant les Journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne, connue sous le nom de «Sixtine de la jeunesse», à laquelle ont participé des jeunes de différentes religions et cultures. En 2024, l'organisation a porté son message d'unité en Indonésie, où plus de 1 000 jeunes catholiques et musulmans ont construit un polyèdre monumental, reflétant l'harmonie interconfessionnelle. Ces initiatives, soutenues par le Pape François, montrent comment l'art, l'éducation et l'engagement interconfessionnel peuvent transformer les différences en ponts de paix et d'espoir.
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