Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales, intervenant lors de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York, le 29 septembre 2025. Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales, intervenant lors de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York, le 29 septembre 2025.  

Le Saint-Siège appuie la réforme de l'ONU pour défendre la dignité et parvenir à la paix

Devant l'Assemblée générale des Nations unies, lundi 29 septembre, le secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États et les organisations internationales a rappelé la nécessité d'œuvrer pour la paix à travers le désarmement, le respect du droit humanitaire et le dépassement de la crise du multilatéralisme. Mgr Gallagher a réaffirmé l’importance de respecter la dignité de la personne, de prendre soin de la Création et souligné les risques liés à l’intelligence artificielle.

Edoardo Giribaldi – Cité du Vatican

Comme l’a fait le Pape Léon XIV aux premières heures de son pontificat, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États et les organisations internationales, a ouvert son intervention à la 80e Assemblée générale des Nations unies par un appel à la paix, objectif vers lequel doivent converger les efforts de la communauté internationale, appelée à s'adapter à un monde «transformé» sur lequel plane des «menaces émergentes». De l'Ukraine au Proche-Orient, du Soudan à la République démocratique du Congo et à d'autres zones de conflit, la voie à suivre reste celle du dialogue, du multilatéralisme et du désarmement. Dans ce contexte «troublé», le Saint-Siège réaffirme la nécessité de mettre au centre la «dignité de la personne humaine», en protégeant le droit à la vie, en affrontant la crise climatique —cause d'inégalités qui touchent particulièrement les migrants et les réfugiés— et en surveillant les risques de l'intelligence artificielle, définie comme un objectif «extraordinaire» mais potentiellement dangereux s'il sacrifie la dignité à l'efficacité.

Promouvoir la coopération multilatérale

Le discours, prononcé lundi 29 septembre au siège des Nations unies à New York, s'ouvre sur le constat que la «coopération multilatérale» est essentielle pour traiter les questions mondiales. Pour ce faire, il est nécessaire de réaffirmer les valeurs fondamentales de l'organisation, 80 ans après sa création: promouvoir la paix internationale, le développement et les droits humains universels, des valeurs «encore plus importantes dans un monde de plus en plus fragmenté». Celui-ci est marqué par un «isolationnisme» source d'une «instabilité prévisible» qui se traduit par les fléaux qui affligent le monde actuel. Mgr Gallagher prend le temps d’énumérer «l'escalade des tensions géopolitiques, la crise climatique en cours, l'augmentation des inégalités et la pauvreté croissante». Ces questions témoignent d'un contexte international changé, avec de nouvelles «menaces» qu'«aucun pays ne peut affronter seul». Dans ce contexte, le Saint-Siège se pose en «voix de ceux qui n'ont pas de voix», en se faisant le promoteur d'«un monde où la paix prévaut sur les conflits, où la justice triomphe sur les inégalités, où l'État de droit remplace le pouvoir et où la vérité éclaire le chemin vers le véritable bien-être humain».

Mgr Gallagher à la tribune de l'ONU.
Mgr Gallagher à la tribune de l'ONU.   (ANSA)

Construire la paix

Le secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les organisations internationales s'attarde sur la paix. Il ne s'agit pas simplement d'une «absence de conflit» ou d'un équilibre entre adversaires, mais d'une valeur enracinée dans le «respect mutuel», «actif et engageant», comme l'a déjà affirmé le Pape Léon XIV. Pour la construire, il faut rejeter la «haine» et la «vengeance», et favoriser à la place le «dialogue et la réconciliation». Ces valeurs sont au cœur de la diplomatie, la communauté internationale est appelée à les promouvoir par des gestes concrets. En ce sens, le Saint-Siège a renouvelé sa proposition de créer un fonds mondial, alimenté en partie par les dépenses militaires, afin d'éradiquer la pauvreté et la faim, de promouvoir le développement durable et de lutter contre le changement climatique.

Mettre fin à la prolifération nucléaire

Le silence des armes, a souligné Mgr Gallagher, passe par la «construction de la confiance». Dans ce contexte, la course à l'armement, qui génère de «nouvelles menaces» et «exacerbe les craintes», fait tache. Le montant vertigineux des dépenses militaires mondiales -2720 milliards de dollars en 2024- perpétue «les cycles de violence et de division», en soustrayant des ressources aux pauvres et aux personnes vulnérables. Le désarmement n'est pas un calcul politique, mais un «impératif moral». Il est donc préoccupant que plusieurs États se retirent des traités internationaux. Une alerte qui concerne en premier lieu les ogives nucléaires. Les stocks doivent être réduits, la modernisation des arsenaux doit être arrêtée. Les données disponibles font état de plus de 12 000 ogives dans le monde, «d'une puissance explosive totale de 1,5 gigatonne, soit l'équivalent de plus de 100 000 bombes du type largué sur Hiroshima». 80 ans après les bombardements qui ont frappé la ville japonaise, ainsi que celle de Nagasaki, en 1945, Mgr Gallagher affirme qu'il ne fait aucun doute qu'«un monde exempt d'armes nucléaires est nécessaire et possible».

Respecter le droit international humanitaire

Un autre «pilier» de la paix est le respect du droit international humanitaire. Sa violation -avec des attaques contre des civils, des hôpitaux, des écoles et des lieux de culte- constitue un «crime de guerre grave». À cela s'ajoute l'utilisation de la faim comme arme. Le personnel militaire, a rappelé Mgr Gallagher, est «pleinement responsable» de ses actes, qui ne peuvent être justifiés par l'obéissance aux ordres. Dans les contextes de guerre, de nombreux travailleurs humanitaires opèrent également, dont la mission est marquée par d'immenses défis: menaces pour la sécurité, pénurie de ressources, accès limité aux secours.

Promouvoir la liberté

Le Saint-Siège a également rappelé la liberté de pensée, de conscience et de religion. Plus de 360 millions de chrétiens vivent aujourd'hui dans des zones de «forte persécution ou discrimination», faisant du christianisme «le groupe religieux le plus persécuté au monde». Aucun État, ni aucune société, a-t-il averti, ne doit contraindre à agir contre sa conscience. Le dialogue interreligieux est essentiel dans ce contexte, et affirme Mgr Gallagher, il ne s'agit pas d'un simple échange d'idées, mais d'un «cheminement commun vers le respect mutuel, la justice et la paix». Un engagement urgent dans un monde marqué par les extrémismes, les polarisations et les conflits souvent alimentés par des incompréhensions. Le Saint-Siège, a-t-il rappelé, se place en première ligne en célébrant également les 60 ans de la déclaration conciliaire sur les relations avec les religions non chrétiennes, Nostra Aetate.

Préserver la dignité humaine

Tout effort de la communauté internationale doit mettre au centre «la dignité de la personne». Garantir les biens essentiels signifie également défendre le droit à la vie, «de la conception à sa fin naturelle». Le Saint-Siège a réaffirmé l'illégitimité de l'avortement et de l'euthanasie, pratiques qui favorisent une «culture de la mort». Les ressources doivent plutôt être consacrées à la protection de la vie, avec des soins de santé adéquats et des soins palliatifs. «Il n'existe qu'un seul droit à la vie» et, a-t-il insisté, il ne peut y avoir de droit contraire, même s'il est «faussement présenté comme une liberté». Lorsque la liberté se détache de la «vérité objective et universelle», a-t-il ajouté, même le droit à la vie risque d'être négocié. Parmi les pratiques qui portent atteinte à la dignité humaine, le diplomate a dénoncé la gestation pour autrui (GPA), qui réduit la femme et l'enfant à de «simples produits».

La souveraineté du droit

Il y a maintenant dix ans, s'exprimant depuis le même pupitre que le secrétaire du Saint-Siège, le Pape François avait déclaré que le travail des Nations unies pouvait être considéré «comme le développement et la promotion de la souveraineté du droit, sachant que la justice est une condition indispensable à la réalisation de l'idéal de fraternité universelle». Aujourd'hui, le Saint-Siège réaffirme qu'«aucun individu ou groupe, quel que soit son statut, ne devrait revendiquer le droit de violer la dignité et les droits d'autrui ou de leurs communautés».

Éradiquer la faim et la pauvreté

Pour le Saint-Siège, éliminer la faim et la pauvreté est une «obligation morale», car elles privent les personnes du potentiel que Dieu leur a donné. Une tragédie «d'autant plus triste et honteuse lorsque nous réalisons que, bien que la terre soit capable de produire suffisamment de nourriture pour tous les êtres humains», avait déjà souligné Léon XIV. La clé pour résoudre la crise réside «dans le partage plutôt que dans l'accaparement avide». La production alimentaire n'est pas suffisante, a affirmé Mgr Gallagher. Elle doit aller de pair avec la garantie de la durabilité des systèmes alimentaires, qui fournissent «une alimentation saine et accessible à tous». Il s'agit donc «de repenser et de renouveler nos systèmes alimentaires, dans une perspective de solidarité».

L'Assemblée générale des Nations unies, ce lundi 29 septembre.
L'Assemblée générale des Nations unies, ce lundi 29 septembre.

Les inégalités mondiales et l'annulation de la dette

Surmonter les inégalités mondiales -qu'elles soient économiques, sociales ou environnementales- représente un autre défi urgent pour le Saint-Siège. Aujourd'hui, de profondes inégalités persistent dans la répartition des richesses, l'accès à l'éducation, à la santé, à la sécurité alimentaire et à des conditions de vie adéquates, souvent aggravées par «des injustices systémiques, des conflits et la dégradation de l'environnement». Il est donc indispensable de s'attaquer à leurs causes structurelles: «des systèmes commerciaux inéquitables, des pratiques de travail abusives, un accès inégal aux ressources». Le lourd fardeau de la dette piège des nations entières dans la pauvreté, a-t-il martelé. C'est pourquoi son annulation n'est pas seulement un acte de générosité, mais une «question de justice». Une valeur rendue encore plus urgente par la reconnaissance d'une nouvelle forme de dette, la dette «écologique», qui se manifeste principalement entre le Nord et le Sud du monde, liée aux déséquilibres commerciaux, aux effets environnementaux et à l'utilisation disproportionnée des ressources naturelles par certains pays pendant de longues périodes.

La sauvegarde de la création et la crise climatique


Prendre au sérieux la question de la «dette écologique» relève également de la «justice environnementale», qui n'est plus un concept abstrait ou un objectif lointain. Mgr Gallagher a noté que le contexte géopolitique actuel est marqué «par une crise du multilatéralisme», mais aussi par une question climatique dont les implications sont de plus en plus évidentes. Elle touche surtout les plus vulnérables, les pauvres ou les générations futures, «qui sont aussi les moins responsables». Il est donc nécessaire de renforcer la coopération internationale, de promouvoir le partage des technologies et l'action climatique, en investissant dans une «culture du soin qui enseigne de nouveaux modes de vie».

Les migrants et le principe de «non-refoulement»

Selon le Saint-Siège, les migrants et les réfugiés sont les «premières victimes» des profondes inégalités mondiales. La réponse à ces problèmes ne peut être uniquement politique. Pour le Saint-Siège, elle doit reposer sur une approche éthique, humanitaire et solidaire, à garantir indépendamment du statut de ceux qui ont quitté leur pays, en respectant le «principe de non-refoulement» et en prévenant la violence et l'exploitation. Une attention particulière doit être accordée à la recomposition familiale, en reconnaissant le rôle fondamental de cette cellule «dans le développement humain, la santé psychologique et la stabilité sociale». Afin de réduire les risques liés à la migration irrégulière, le Saint-Siège a appelé à élargir les voies de migration sûres, afin de lutter contre les trafiquants et de réduire les voyages dangereux, souvent mortels.

IA: le risque de subordonner la dignité à l'efficacité

Outre les grands défis mondiaux, comme l'a déjà souligné le Pape Léon XIV, la communauté internationale est confrontée à «une autre révolution industrielle», celle de l'intelligence artificielle (IA). Elle représente «une avancée technologique extraordinaire» qui se forme grâce à la créativité humaine, mais qui produit des résultats pouvant dépasser ses capacités, «suscitant des inquiétudes quant à son impact sur notre société». Ces préoccupations reposent sur le risque que l'IA alimente un «paradigme technocratique», selon lequel tous les problèmes du monde ne peuvent être résolus que par la technologie. Une approche qui risque de subordonner la dignité et la fraternité humaines à l'efficacité. Le Saint-Siège a donc appelé à l'élaboration et à l'adoption de lignes directrices éthiques et de cadres réglementaires clairs pour l'IA.

Préserver les droits des travailleurs

L'utilisation de plus en plus répandue de l'IA, a poursuivi le diplomate du Saint-Siège, met en péril de nombreux emplois. Il devient donc nécessaire de mettre en place des systèmes économiques qui mettent l'accent sur la création de nouveaux emplois, en favorisant l'esprit d'entreprise. Des salaires équitables et des conditions de travail durables, en particulier pour les femmes, sont également essentiels pour renforcer les cellules familiales. Le Saint-Siège a également appelé à un engagement renouvelé en faveur des jeunes qui souhaitent fonder une famille.

Ukraine: «Cette guerre doit cesser maintenant»

Soulignant l'importance d'un dialogue «clair et sans ambiguïté» dans la recherche d'une solution, l'archevêque a ensuite passé en revue les différents conflits et situations particulièrement difficiles qui caractérisent le contexte géopolitique actuel. Tout d'abord, la crise en Ukraine, «l'une des plus profondes et des plus douloureuses». Des villes autrefois «vibrantes» sont réduites en ruines, et des enfants sont contraints de grandir entre «sirènes et abris» plutôt qu'entre jeux et sourires. «Cette guerre doit cesser maintenant, et non dans un avenir indéfini», tel est l'appel du Saint-Siège, qui a renouvelé l'appel lancé par le Pape en faveur d'un «cessez-le-feu immédiat», condition indispensable «pour entamer un dialogue sincère et courageux». Tous les pays réunis aux Nations unies sont appelés à rejeter la «passivité» et à soutenir concrètement toute initiative susceptible d'ouvrir la voie à une paix juste et durable.

Moyen-Orient, les appels de Léon XIV

Le Saint-Siège suit également avec attention la situation au Moyen-Orient, réaffirmant la nécessité d'une paix «juste et stable» entre Israéliens et Palestiniens, fondée sur la solution à deux États, dans le respect du droit international et des résolutions de l'ONU. Le Pape Léon XIV a demandé avec force la fin des violences, appelant à la libération de tous les otages, à un cessez-le-feu permanent, à un accès sûr à l'aide humanitaire et au plein respect du droit international, en particulier en matière de protection des civils, d'interdiction des «punitions collectives» et d'usage indiscriminé de la force. La question de Jérusalem est également centrale: une solution «équitable», fondée sur les résolutions internationales, est indispensable à la paix. Toute décision unilatérale qui modifie le statut spécial de la ville est «moralement et juridiquement inacceptable». En ce qui concerne la situation en Syrie, le Saint-Siège a réaffirmé la nécessité d'une transition gouvernementale «pacifique et juste». 

La résilience des jeunes Africains, une ressource précieuse

Les signes de progrès démocratique qui émergent dans plusieurs pays africains, où l'engagement en faveur d'«élections multipartites», de la participation civique et des réformes institutionnelles se renforce, ont été accueillis favorablement. Toutefois, de sérieux obstacles subsistent: «l'autoritarisme, les réformes constitutionnelles arbitraires et la corruption endémique», qui sapent la confiance des citoyens dans les institutions. Des régions telles que le Sahel, que Cabo Delgado au Mozambique et certaines zones de la Corne de l'Afrique sont aujourd'hui des épicentres d'instabilité, où la «menace djihadiste», la pauvreté, les trafics illicites, la crise climatique et les conflits internes s'entremêlent dans une «spirale qui menace la vie de millions de personnes». Face à ces défis, la résilience des communautés africaines, «en particulier des jeunes», reste une ressource précieuse, qu'il convient de soutenir par des investissements ciblés.

République démocratique du Congo

La détérioration de la situation dans l'est de la République démocratique du Congo préoccupe fortement le Saint-Siège. D'une part, la signature de l'accord de paix global entre le gouvernement local et le groupe armé M23, ainsi que l'accord conclu entre les ministres des Affaires étrangères du Congo et du Rwanda pour mettre fin à des décennies de conflit dans l'est du pays africain, sont considérés comme positifs. Cependant, les craintes d'une nouvelle vague de violence restent vives: en juillet dernier, a rappelé Mgr Gallagher, les Forces démocratiques alliées (ADF) ont perpétré un attentat brutal contre une église à Komanda, dans la région d'Ituri, tuant plus de 40 fidèles. Le retrait de la mission de stabilisation des Nations unies (MONUSCO) soulève également des doutes quant à la capacité de garantir la sécurité et de relever les défis actuels dans la région.

Soudan et Soudan du Sud

Mgr Gallagher a également évoqué le conflit au Soudan, renouvelant, là encore, son appel à un cessez-le-feu immédiat et à l'ouverture de négociations authentiques. «Le cri de douleur du peuple soudanais doit être entendu, il n'y a plus de place pour l'indifférence». Une attention particulière a également été accordée à l'évolution de la situation au Soudan du Sud, où le Saint-Siège a invité les forces politiques à poursuivre avec sincérité et responsabilité la voie du dialogue et de la collaboration, en mettant pleinement en œuvre l'accord de paix signé en 2018.


Trafic de drogue et Caraïbes

Le fléau du trafic de drogue, en particulier en Amérique latine, alimente également les vagues de «violence extrême». Parallèlement aux efforts conjoints des États pour lutter contre le trafic de drogue, le Saint-Siège a rappelé l'urgence d'investir dans le «développement humain». Le secrétaire pour les Relations avec les États s'est ensuite penché sur les tensions croissantes dans les Caraïbes, en particulier en Haïti, où le Vatican espère que les conditions sociales et institutionnelles nécessaires pourront être créées pour permettre au pays de s'engager sur la voie de la paix et de la sécurité. Le Saint-Siège a de nouveau insisté sur la situation au Nicaragua, exprimant son espoir de voir la liberté religieuse et les autres droits fondamentaux des personnes et de la société pleinement garantis.


Lutter contre les centres d'escroquerie en ligne en Asie du Sud-Est

Le Saint-Siège observe également avec une inquiétude croissante les tensions qui traversent l'Asie du Sud-Est. En Birmanie, plus précisément, où après quatre ans et demi de guerre civile, «la population est dévastée». Dans ce contexte de conflit, les phénomènes criminels tels que les ''scam centers'' se multiplient: il s'agit de structures dans lesquelles les victimes de la traite des êtres humains sont contraintes d'escroquer des internautes, en transférant de l'argent vers des réseaux criminels. Selon des enquêtes récentes citées par Mgr Gallagher, des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes seraient emprisonnées dans ces centres, situés principalement dans les zones frontalières entre la Birmanie, la Thaïlande, la Chine, le Cambodge et le Laos. Une industrie «multimilliardaire» qui fait «des millions de victimes» dans le monde entier. Dans cette perspective, le Saint-Siège encourage les processus de dialogue et de coopération promus par l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN).

Balkans et Caucase

La présentation du contexte international s'est conclue en soulignant l'attention portée par le Saint-Siège à la région des Balkans, où les pays «liés à l'Europe pour des raisons historiques, culturelles et géographiques» aspirent à une intégration toujours plus étroite avec l'Union européenne. Il est essentiel, a souligné le diplomate, que les différences ethniques, culturelles et religieuses ne deviennent pas un motif de division, mais au contraire un élément d'«enrichissement» pour le continent. Concernant le Caucase, le Saint-Siège a salué les accords de paix signés en août dernier entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, invitant les deux parties à poursuivre sur la voie de la réconciliation.

Renforcer un multilatéralisme efficace

En conclusion de son intervention, Mgr Gallagher a réaffirmé la valeur durable des Nations unies et le bien accompli au cours de leurs quatre-vingts ans d'histoire, sans dissimuler «les limites et les difficultés» qui remettent aujourd'hui en question leur «crédibilité». Ces fragilités ne doivent toutefois pas occulter les succès obtenus, mais plutôt stimuler un engagement renouvelé en faveur de leur réforme et de leur revitalisation, en les adaptant aux besoins actuels. «Il est important», a déclaré le diplomate, «de résister à la tentation de remplacer ces programmes fondamentaux par de nouvelles idées» qui risquent de dénaturer la mission de l'ONU et ses quatre piliers: la promotion des droits de l'homme, la protection de la paix et de la sécurité internationale, le développement durable et l'État de droit. Ce dernier constitue précisément la condition indispensable à tout ordre international juste. L'anniversaire des Nations unies, a conclu Mgr Gallagher, est l'occasion de renforcer son rôle de «phare d'espoir» et de force positive au service des besoins les plus urgents de l'humanité.

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29 septembre 2025, 18:54