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Le cardinal George Jacob Koovakad, préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, à la conférence, jeudi 18 décembre 2025. Le cardinal George Jacob Koovakad, préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, à la conférence, jeudi 18 décembre 2025. 

À Rome, une conférence sur la diplomatie de l'espérance et le dialogue interreligieux

Explorer le point de rencontre entre religion, diplomatie et dialogue pour construire des voies vers un monde plus pacifique et harmonieux. C’est l'objectif affiché par les participants à la conférence organisée à l'Augustinianum par le Centre international pour le dialogue, le dicastère pour le dialogue interreligieux du Saint-Siège et le Conseil des leaders musulmans européens.

Stefano Leszczynski – Cité du Vatican

Dans un contexte mondial marqué par des tensions géopolitiques croissantes, l'instabilité et la polarisation, la religion manifeste une nature politiquement ambivalente. D'une part, de nombreux conflits et de nouvelles tensions sont présentés comme ayant des motivations religieuses; d'autre part, on assiste au développement d'une nouveau “moment” de solidarité interreligieuse aussi bien au niveaux local qu'international. C'est précisément à partir de cette complexité que s'est déroulée la conférence internationale «Religion et diplomatie», au centre des congrès de l'Augustinianum, à Rome.

Promouvoir une culture du respect

«Ce qui manque dans le contexte international actuel, et dans de nombreux domaines, c'est une véritable culture du respect de l'autre. Il est donc essentiel que les responsables religieux fassent preuve d'unité et encouragent davantage le dialogue avec les dirigeants politiques. Il faut éviter que la situation internationale ne se détériore au point de devenir irréversible. Et il faut agir rapidement». Le secrétaire général du Kaiciid, Antonio de Almeida-Ribeiro, est un diplomate portugais de longue date, ancien ambassadeur du Portugal près le Saint-Siège en 2013. Présentant les objectifs de la conférence, il précise que si le dialogue doit être encouragé par les responsables religieux et politiques, il ne peut toutefois se réaliser sans la contribution de la société civile: «Nous sommes convaincus que les responsables religieux, grâce à leur influence au sein de leurs communautés, jouent un rôle crucial dans l'inculcation du respect de l'autre et du désir de paix».

Spiritualité et diplomatie

L'objectif principal de la conférence était d'explorer le point de rencontre entre religion, diplomatie et dialogue, en analysant leur interaction dynamique pour répondre aux défis mondiaux contemporains et construire des voies vers un monde plus pacifique et harmonieux.

Ces dernières années, les responsables politiques et les décideurs internationaux ont de plus en plus reconnu que les défis sociaux, politiques, économiques et culturels complexes de notre époque peuvent bénéficier de la profondeur de la pensée, des intuitions et de la sagesse présentes dans les traditions religieuses et confessionnelles. En ce sens, le rôle des responsables religieux apparaît non seulement comme spirituel, mais aussi comme diplomatique.

L'unité des religieux effraie les politiques

Le véritable défi pour les hommes de foi réside dans la nécessité de trouver un terrain d'entente avec le monde des décideurs politiques. «Nous ne pouvons pas simplement envisager de coexister dans des mondes parallèles. C'est donc à travers le peuple, entendu comme communauté de citoyens et communauté de foi, que les gouvernements et les responsables religieux peuvent trouver des voies praticables». Le grand rabbin de Bâle, Elimelech Vanzetta, représentant de la conférence européenne des rabbins, n'hésite pas à admettre que le dialogue interreligieux peut être perçu avec crainte par les gouvernements. «En tant que groupes religieux engagés dans le dialogue, nous constatons constamment que les points qui nous unissent sont bien plus nombreux que ceux qui nous divisent. Cela conduit à une unité qui peut effrayer les acteurs politiques, car là où il y a unité, il n'y a pas de place pour les conquêtes ou les instrumentalisation».

Briser les stéréotypes

Bien que les responsables religieux aient réaffirmé que le recours à la violence au nom de Dieu était une aberration et qu'ils aient réitéré le profond désir de paix qui doit régner chez tous les hommes et toutes les femmes de foi, la tentative d'instrumentaliser les religions pour détourner l'attention des véritables raisons des crises internationales ou des tensions locales est toujours présente.

En ce qui concerne l'Occident, et en particulier l'Europe, l'imam Yahya Pallavicini, président du Conseil européen des leaders musulmans (Eulema), indique que «les rabbins et les imams, en tant que représentants des minorités musulmanes et juives, doivent essayer d'interpréter ensemble un rôle de médiation et de fraternité». Une fraternité humaine, explique-t-il encore, qui doit ensuite se traduire par une diplomatie interreligieuse, «ce qui signifie savoir servir de médiateur pour apaiser les cœurs et construire des voies de paix qui peuvent partir d'une compréhension et d'un respect mutuels».

Pour une diplomatie de l'espérance

Une référence directe à la vision du Pape François, qui a invoqué à plusieurs reprises une véritable «diplomatie de l'espérance»: une diplomatie qui ne repose pas sur des calculs stratégiques ou des intérêts à court terme, mais sur le courage moral de rechercher la paix là où d'autres ne voient que des conflits et de construire des ponts là où d'autres érigent des murs. Une perspective –soulignent les organisateurs du congrès à l'Augustinianum– qui interpelle tant les chefs religieux que les dirigeants politiques, les appelant à rejeter l'indifférence et l'opposition pour devenir des artisans de la réconciliation, de la justice et de la protection des plus vulnérables.

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19 décembre 2025, 17:08