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Le cardinal Sako célébrant la messe dans l'église Al Tahira de Mossoul. Le cardinal Sako célébrant la messe dans l'église Al Tahira de Mossoul.  

Cardinal Sako: «Les chrétiens irakiens restent des témoins de la foi»

Le patriarche des Chaldéens revient pour les médias du Vatican sur la reconsécration de l'église Al Tahira de Mossoul , intervenue cette semaine après des années de travaux.

Joseph Tulloch - Mossoul, Irak

«Malgré tout ce que nous avons vécu, nous pensons toujours avoir une vocation à témoigner de notre foi dans ce pays, où les musulmans sont majoritaires». Tels sont les mots du patriarche Louis Raphaël I Sako, chef de l'Église chaldéenne en Irak, dans une interview accordée aux médias du Vatican, peu après avoir célébré hier la messe de reconsécration de l'église historique d'Al-Tahira à Mossoul. 

Foi et espérance

En montrant le bâtiment sacré — profané par l'État islamique en 2014 et gravement endommagé pendant la bataille qui a duré un an pour la libération de Mossoul —, le cardinal a rappelé que les chrétiens irakiens «ont beaucoup souffert et sont fatigués». On estime qu'il reste environ 200 000 chrétiens dans le pays, ce qui représente une forte baisse par rapport aux millions qui constituaient la communauté il y a seulement quelques décennies. Mais, souligne le cardinal Sako, les chrétiens irakiens «ne perdent jamais la foi et l'espérance. Tout repose sur l'espérance». 

Messe présidée par le patriarche chaldéen le 16 octobre dans l'église Al Tahira de Mossoul
Messe présidée par le patriarche chaldéen le 16 octobre dans l'église Al Tahira de Mossoul

Le retour de la «liturgie de l'Esprit»

L'église chaldéenne d'Al-Tahira a été construite au milieu du XVIIIe siècle avec une autorisation spéciale du pacha de Mossoul, qui souhaitait remercier les chrétiens pour leur rôle actif dans la défense de la ville contre l'attaque perse de 1743. L'église a été construite sur le site où se trouvait le monastère Saint-Gabriel du Ve siècle, qui est devenu une école théologique renommée aux IXe et Xe siècles. C'est dans ce monastère, explique le patriarche Sako, que la liturgie chaldéenne est née. «C'est une liturgie de l'Esprit», précise t-il. «L'invocation de l'Esprit est ce qui change tout». Les prières de la liturgie chaldéenne, ajoute t-il, ne sont pas «spéculatives ou théologiques», mais «brèves et compréhensibles», tirées directement de la Bible. Le patriarche montre ensuite les croix de style chaldéen qui décorent l'église, soulignant qu'elles sont dépouillées, sans le corps de Jésus comme dans les crucifix occidentaux. «Cela nous donne de l'espérance : Jésus est ressuscité, même si nous sommes persécutés, même si nous sommes tués, nous avons cette espérance».

Un avenir incertain

L'église Al-Tahira avait été inaugurée mercredi 15 octobre lors d'une cérémonie laïque qui avait attiré de nombreux journalistes locaux, ainsi que le gouverneur de la province de Ninive et le ministre irakien de la culture. La messe de reconsécration, célébrée le lendemain, a été un événement plus intime, auquel a participé un petit groupe de fidèles chaldéens. Elle a été célébrée en arabe, en néo-araméen chaldéen et en français, afin de rendre hommage à la délégation de L'Œuvre d'Orient, l'organisation qui a financé la rénovation de l'église.

Un moine en prière dans l'église reconsacrée
Un moine en prière dans l'église reconsacrée

Huit ans après la libération de Mossoul de Daesh, très peu de chrétiens sont revenus s'installer définitivement dans la ville. La plupart des participants à la cérémonie sont venus des villages chrétiens environnants. Parmis eux, Noah, 29 ans, venu de Karamlesh, une localité à majorité chrétienne. «Cette réouverture me donne l'espoir que les chrétiens puissent avoir un avenir en Irak, raconte-t-il, les choses vont mieux qu'avant, mais nous ne pouvons pas savoir comment la situation politique va évoluer. Si Dieu le veut, nous pourrons rester». 

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18 octobre 2025, 14:56