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Au Burundi, la Caritas mobilisée pour nourrir la population

Près de 1,17 million de personnes, soit 10 % de la population, sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë au Burundi selon les estimations des Nations unies. Sur le terrain, l’Église œuvre pour aider les familles confrontées à la faim en leur enseignant des pratiques agricoles durables. Alors qu’un nouveau cycle saisonnier commence, la Caritas Burundi, épaulée par la Caritas Autriche, s’active dans les régions les plus touchées par la famine.

Alexandra Sirgant – Cité du Vatican

À Nyabikiere, commune située à une quarantaine de kilomètres au nord de Gitega, capitale du Burundi, la Caritas locale a distribué ce mercredi 15 octobre des kilos de semences de pommes de terre et de maïs à 363 ménages qui souffrent d’insécurité alimentaire. Parmi eux, la famille de Minani Patricie, elle-même chargée de superviser les zones agricoles des collines environnantes. «Les familles sont pauvres et n’ont pas de nourriture suffisante pour se nourrir» explique la mère de quatre enfants, qui salue l’initiative de l’Église. En effet, pour ces familles composées en moyenne de six enfants, cette distribution de semences sélectionnées est essentielle, tant l’accès à la nourriture est difficile et les défis agricoles nombreux en cette période de l'année. 

Distribution de semences par la Caritas Burundi dans la commune de Nyabikiere.

Cela s'explique d'abord par les dérèglements climatiques dont souffrent la région, explique l’abbé Celestin Nsabindavyi, vice-président de la Caritas Burundi, chargé de coordonner l’opération de distribution dans la province: «De plus en plus, il pleut de façon irrégulière, et, étant donné qu'au Burundi plus de 85% des personnes travaillent dans le secteur agricole, c’est un problème très sérieux». À titre d’exemple, l’adjoint à la direction de la Caritas locale cite l’absence de croissance des plantations de maïs en ce mois d’octobre, alors qu’habituellement celles-ci dépassent les 70 centimètres. Il déplore également la chaleur actuelle, inhabituelle pour un pays entouré de fleuves et de cours d’eau. Si l’eau est attendue de pied ferme en ce moment par les agriculteurs de la province de Karuzi, elle devient dangereuse lorsqu’elles se transforment en pluies torrentielles, détériorant les sols et ravageant les cultures sur son passage.

À l’instabilité du climat s’ajoute les problèmes d’accès aux terres dans ce pays qui figure parmi les plus densement peuplé au monde, avec une moyenne de 400 habitants par km² selon la FAO. «Il y a des familles qui n’ont pas assez de terre pour subvenir à leurs besoins» explique l’abbé Nsabindavyi. C’est pourquoi l’archidiocèse de Gitega a installé deux petites pépinières, afin de sélectionner des cultures capables de produire en plus grand nombre sur des petites superficies, et de les distribuer ensuite aux agriculteurs les plus vulnérables.

La Caritas est appuyée sur le terrain par des agronomes locaux, qui forment les habitants à des techniques agricoles modernes, à l’image d’Espérance Nindagira, âgé de 42 ans. «Nous accompagnons le familles pour les aider à bien cultiver par exemple les pommes de terre distribuées aujourd’hui. Je vois vraiment ces semences comme une solution pour combattre l’insécurité alimentaire» assure l’experte en agriculture, elle-même originaire de Nyabikiere. Combattre la faim passe ainsi, selon l’Église et les acteurs locaux, par le renforcement de la résilience des petits agriculteurs, en leur donnant les outils pour se nourrir demain. «C’est un des moyens d’autonomiser ces familles pour qu’elles ne quémadent pas, car la dignité de la personne consiste aussi à pouvoir trouver par soi-même de quoi se nourrir» assure l’abbé Celestin Nsabindavyi.

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16 octobre 2025, 15:47