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Le Pape Léon XIV rencontre Amy Pope, directrice générale de l'Organisation internationale pour les migrations, le 2 octobre 2025. Le Pape Léon XIV rencontre Amy Pope, directrice générale de l'Organisation internationale pour les migrations, le 2 octobre 2025.  (@VATICAN MEDIA)

Le Pape a reçu Amy Pope, directrice de l'OIM

Après son audience avec le Pape Léon XIV, Amy Pope, directrice générale de l'Organisation internationale pour les migrations, s'est entretenue avec les médias du Saint-Siège au sujet de l'autorité morale que représente l'Église catholique, et de son action concrète pour faire progresser les droits des migrants.

Devin Watkins – Cité du Vatican

Le Pape Léon XIV a rencontré jeudi 2 octobre la directrice générale de l'Organisation internationale pour les migrations, Amy Pope, lors d'une audience privée au Palais apostolique. À l'issue de cette rencontre, Amy Pope a accordé une interview aux médias du Vatican, évoquant son entretien avec le Pape et la mission de son organisation qui consiste à soutenir les droits des personnes en déplacement.

Comment s'est déroulée votre rencontre avec le Saint-Père? Quelles questions relatives à la migration mondiale avez-vous présentées au Pape?

Nous avons d'abord discuté de l'impact des coupes budgétaires dans l'aide humanitaire sur le travail que nous et d'autres organisations accomplissons à travers le monde. Nous constatons actuellement que les besoins sont très importants et qu'ils ne cessent d'augmenter en raison des conflits, des conséquences des catastrophes climatiques et de l'aggravation de la pauvreté. Le nombre de personnes déplacées n'a jamais été aussi élevé. Mais parallèlement, malheureusement, bon nombre de nos principaux gouvernements donateurs ont réduit leur soutien à l'action humanitaire. Pour notre organisation, cela a eu un impact sur environ neuf millions de personnes qui ont perdu leur aide ou ont vu celle-ci réduite. D'un point de vue humain, les conséquences sont donc catastrophiques dans certains cas.

Nous avons donc évoqué la nécessité pour l'Église de collaborer avec des organisations comme la nôtre, qui répondent aux besoins les plus fondamentaux des personnes, afin de militer ensemble pour continuer à sensibiliser l'opinion publique et à leur apporter notre soutien. Nous avons également discuté de l'importance de recadrer la question de la migration à un moment où la polarisation atteint des sommets sans précédent.

Le message de l'Église selon lequel les migrants sont une source d'espoir et l'incarnation du cheminement chrétien trouve encore un écho très fort. C'est un pèlerinage que nous faisons tous, spirituellement ou physiquement, et notre tâche consiste à trouver comment saisir ces histoires, comment construire une communauté de soutien et de sensibilisation face à ce que vivent les migrants, et comment nous pouvons faire partie d'une société plus inclusive.

Vous participez à la conférence «Réfugiés et migrants dans notre maison commune», qui traite de la manière d'éduquer les gens sur les questions migratoires. Qu'attendez-vous de cette conférence et quels types de questions allez-vous aborder?

La première chose à faire est de rappeler à tous le caractère humain de cette mission. Nous avons tous, à un moment ou à un autre de notre histoire, été confrontés à la migration. Nous partageons tous des besoins humains et une dignité communs. Je voudrais donc contribuer à recentrer le débat sur l'humanité et la dignité de ce que nous faisons et de ce que nous nous efforçons de faire en tant qu'organisation. Je voudrais ensuite présenter quelques moyens très concrets permettant aux universités, à la communauté universitaire et aux étudiants de participer à cet effort.

Une partie consiste à mener des recherches et à présenter des faits qui contredisent certaines des fausses informations qui circulent. Ces informations incluent, par exemple, le fait que la plupart des migrants se déplacent au sein de leur région; ils ne quittent pas leur propre région.

La plupart des migrants sont accueillis, en particulier ceux déplacés par des conflits ou les effets du changement climatique, par des pays à très faible revenu qui n'ont pas nécessairement les moyens de leur apporter leur soutien. Comment pouvons-nous donc aider à stabiliser les communautés en mouvement?

Nous parlerons également de la sensibilisation, du plaidoyer et de la nécessité de veiller à ce que toutes les communautés, qu'elles soient universitaires, sociales ou religieuses, puissent travailler ensemble pour apporter davantage de soutien à ceux qui en ont besoin.

Le Pape Léon XIV a déjà exprimé des opinions fermes sur les migrants, affirmant qu'ils sont «des messagers d'espérance» et qu'ils rappellent à l'Église catholique sa dimension de pèlerinage. Comment sa voix soutient-elle votre travail à l'ONU, en particulier à l'Organisation internationale pour les migrations?

De plusieurs façons. Il est clair qu'il confère une certaine autorité morale aux communautés du monde entier. Et c'est vraiment important à l'heure actuelle, alors que la question des migrations est devenue, comme je l'ai mentionné, hyper politisée et polarisée. Nous voulons réorienter le débat vers l’humain et la manière dont nous, en tant qu'êtres humains, pouvons créer des liens et apporter notre soutien, aider à l'intégration des communautés, permettre aux étudiants migrants, par exemple, d'accéder à l'éducation ou aux travailleurs migrants d'accéder à des emplois correctement rémunérés, où ils sont traités de manière équitable.

Pour cela, il faut en partie utiliser l'autorité morale dont jouit l'Église. Mais il y a aussi quelque chose de beaucoup plus concret, à savoir la manière dont chaque paroisse, chaque communauté peut servir d'exemple pour travailler avec les communautés migrantes, les soutenir et les protéger. Et nous pouvons ramener cela à un niveau micro, où l'Église peut être très efficace pour changer une situation qui peut sembler très abstraite au niveau mondial, voire menaçante dans le contexte mondial. Mais lorsque nous ramenons cela au contexte local, on voit très clairement comment nous pouvons créer des communautés qui soutiennent davantage toutes les personnes. Je pense que notre partenariat avec l'Église est essentiel, et c'est quelque chose que nous avons vraiment mis en avant à l'OIM.

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02 octobre 2025, 16:32