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«La grandeur de la justice ne diminue pas lorsqu’on l’exerce dans les petites choses»

En recevant en audience les participants au jubilé de ceux qui promeuvent et défendent la Justice, le Pape a rappelé combien justice évangélique et justice humaine se rejoignent. Léon XIV invite à réfléchir à la réalité de nombreux peuples qui “ont faim et soif de justice”.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

C'est sous le soleil de la place Saint Pierre que Léon XIV a prononcé son discours samedi matin devant des milliers de pèlerins venus du monde entier, parmi lesquels plus de 15 000 acteurs de la Justice, réunis à Rome pour leur jubilé. «Quelle meilleure occasion pour réfléchir de plus près à la justice et à sa fonction, que nous savons indispensable tant pour le développement ordonné de la société que comme vertu cardinale qui inspire et oriente la conscience de chaque homme et de chaque femme !» a lancé le Pape, rappelant combien la justice est appelée «à remplir une fonction supérieure dans la coexistence humaine, qui ne peut être réduite à la simple application de la loi ou à l’action des juges, ni se limiter aux aspects procéduraux».

L’évêque de Rome a mis en évidence le désir profond de justice qui est en chacun de nous, une soif universelle «qui est l’instrument essentiel pour édifier le bien commun dans toute société humaine». La justice, a souligné Léon XIV «conjugue la dignité de la personne, sa relation avec l’autre et la dimension de la communauté faite de coexistence, de structures et de règles communes». Cela place ainsi au centre la valeur de chaque être humain.

La vertu de justice

Citant le catéchisme de l'Église catholique, le Souverain pontife a rappelé combien la tradition enseigne que la justice est une vertu. La vertu de justice, a t-il poursuivi, consiste en particulier dans «la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû». Dans cette perspective, pour le croyant, la justice dispose «à respecter les droits de chacun et à établir dans les relations humaines l’harmonie qui promeut l’équité à l’égard des personnes et du bien commun». 

Que ce soit l'épisode de la veuve qui pousse le juge à retrouver le sens de la justice (Lc 18, 1-8) ou l'invitation à pardonner non pas sept fois, mais soixante-dix fois sept fois (cf. Mt 18, 21-35), le Pape est revenu sur les nombreux récits évangéliques qui mettent au coeur l'esprit de justice. «C’est la force du pardon, propre au commandement de l’amour, qui émerge comme élément constitutif d’une justice capable de conjuguer le surnaturel et l’humain».

Le sens de l'égalité

Poursuivant sa méditation, Léon XIV a développé sa réflexion sur la notion d'égalité: «la justice se concrétise lorsqu’elle tend vers les autres, lorsque chacun reçoit ce qui lui est dû, jusqu’à atteindre l’égalité en dignité et en opportunités entre les êtres humains», a t-il précisé. Cette égalité est une condition indispensable à la bonne administration de la justice, mais n’empêche pas pour autant qu’il y ait des discriminations dont le premier effet est précisément le manque d’accès à la justice. En revanche a précisé le Pape, «la véritable égalité est la possibilité donnée à chacun de réaliser ses aspirations et de voir les droits inhérents à sa dignité garantis par un système de valeurs communes et partagées, capables d’inspirer les normes et les lois sur lesquelles se fonde le fonctionnement des institutions».

“Aujourd’hui, ce qui interpelle les acteurs de la justice, c’est précisément la recherche ou la récupération des valeurs oubliées dans la vie en communauté, leur préservation et leur respect.”

En citant abondamment son maître Saint Augustin, l'Évêque de Rome a ensuite rappelé quelles devaient être les exigences et vertus de la justice. On ne saurait la qualifier comme telle «si elle n’est pas prudente, forte et tempérante». La grandeur de la justice poursuivait l’évêque d'Hippone (dans De la doctrine chrétienne), «ne diminue pas lorsqu’on l’exerce dans les petites choses, mais elle se manifeste toujours lorsqu’elle est appliquée avec fidélité au droit et au respect de la personne, où qu’elle se trouve dans le monde». 

La faim et la soif de justice

Revenant ensuite sur les Béatitudes, et ceux qui «ont faim et soif de justice», l'évêque de Rome a expliqué que cela signifie «être conscient qu’elle exige un effort personnel pour interpréter la loi de la manière la plus humaine possible, mais surtout qu’elle demande de tendre vers une “satiété” qui ne peut trouver son accomplissement que dans une justice plus grande, transcendant les situations particulières».

C'est enfin sur la démarche jubilaire que Léon XIV s'est arrêté : «le Jubilé nous invite également à réfléchir sur un aspect de la justice qui n’est souvent pas suffisamment mis en évidence: à savoir la réalité de nombreux pays et peuples qui “ont faim et soif de justice”, car leurs conditions de vie sont tellement iniques et inhumaines qu’elles en deviennent inacceptables» a-t-il déploré. C'est en citant encore Saint Augustin que le Pape a laissé les fidèles en les invitant «à toujours exprimer au mieux l’exercice de la justice au service du peuple, le regard tourné vers Dieu, afin de respecter pleinement la justice, le droit et la dignité des personnes».

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20 septembre 2025, 12:21