Pour le Pape, la vie au séminaire est un chemin de rectification intérieure
Fabrice Bagendeker, SJ – Cité du Vatican
Le Pape dresse son message à partir de ses souvenirs de professeur et directeur des études à «San Carlos y San Marcelo», «mes traces font également partie de cette maison», affirme-t-il. Léon XIV rend tout d’abord grâce au Seigneur pour les quatre siècles d'histoire de cette maison de formation qui a vu le passage d'innombrables jeunes de l’archidiocèse de Trujillo et de diverses juridictions du Pérou et de communautés religieuses. C’est ensuite qu’il s’adresse à «ceux qui ont voulu répondre à la voix du Christ», leur rappelant que leur première tâche est d’«être avec le Seigneur, le laisser vous former, le connaître et l'aimer, afin de pouvoir lui ressembler». C’est pour cela, dit le Souverain pontife, que «l'Église a voulu que les séminaires existent, lieux où l'on garde précieusement cette expérience et où l'on prépare ceux qui seront envoyés pour servir le saint Peuple de Dieu».
Laisser le Seigneur clarifier les motivations et purifier les intentions
Le tout premier élément basique sur lequel revient le Pape est la nécessité de «laisser le Seigneur clarifier les motivations et purifier les intentions». Le sacerdoce, explique Léon XIV, ne peut se réduire à «arriver à l'ordination» comme s'il s'agissait, écrit-il, d' «un objectif extérieur ou d'une solution facile à des problèmes personnels». «Ce n'est pas une fuite devant ce que l'on ne veut pas affronter, ni un refuge face à des difficultés affectives, familiales ou sociales ; ce n'est pas non plus une promotion ou une protection, mais un don total de l'existence», avise le Saint-Père, affirmant que «ce n'est que dans la liberté qu'il est possible de se donner» et que «lié à des intérêts ou à des peurs, personne ne se donne». Ce qui est décisif, rappelle le Pape augustinien, ce n'est pas de «s'ordonner», mais d'«être vraiment prêtres».
Celui qui recherche le sacerdoce pour des motifs mesquins se trompe de fondement
Léon XIV interpelle contre l’influence de la culture mondaine sur la perception du sacerdoce. «Quand on y pense en termes mondains, dit-il, le ministère se confond avec un droit personnel, une charge distribuable ; il se transforme en simple prérogative ou en fonction bureaucratique . En réalité, affirme le Pape, «il naît du choix du Seigneur (…) qui appelle avec une prédilection particulière certains hommes pour les faire participer à son ministère salvifique, afin qu'ils reproduisent en eux-mêmes son image et donnent un témoignage constant de fidélité et d'amour». Ainsi, souligne le Saint-Père, «celui qui recherche le sacerdoce pour des motifs mesquins se trompe de fondement et construit sur du sable».
Rechercher le Christ avec simplicité et sans duplicité
En action contre la mondanité dans le sacerdoce, le Souverainpontife ramène les ecclésiastiques au principe même de leur vie. «La vie au séminaire est un chemin de rectification intérieure», souligne le Saint-Père, indiquant qu’«il faut laisser le Seigneur sonder notre cœur et montrer clairement ce qui motive nos décisions». Il explique que la droiture d'intention signifie pouvoir dire «chaque jour, avec simplicité et vérité»: «Seigneur, je veux être ton prêtre, non pour moi, mais pour ton peuple». «Cette transparence se cultive par la confession fréquente, une direction spirituelle sincère et une obéissance confiante envers ceux qui accompagnent le discernement», rappelle le Pape, affirmant que l'Église veut des séminaristes «au cœur pur, qui recherchent le Christ sans duplicité et ne se laissent pas piéger par l'égoïsme ou la vanité».
Nécessité d’un discernement continu
Poursuivant, Léon XIV rappelle l’exigence d’un discernement continu. Il indique quant à ce que «la sincérité devant Dieu et devant les formateurs protège de l'autojustification et aide à corriger à temps ce qui n'est pas évangélique». «Un séminariste qui apprend à vivre dans cette clarté devient un homme mûr, libre de toute ambition et de tout calcul humain, libre de se donner sans réserve», affirme le Saint-Père, montrant que c’est seulement ainsi que «l'ordination sera la confirmation joyeuse d'une vie configurée au Christ depuis le séminaire, et le début d'un chemin authentique».
La prière, l’investissement le plus fécond de la vie
Bien évidemment, le Pape rappelle la centralité de la prière dans le cheminement vocationnel. «Le temps consacré à la prière, écrit le Pape, est l'investissement le plus fécond de la vie, car c'est là que le Seigneur façonne les sentiments, purifie les désirs et fortifie la vocation». Il souligne en outre que «Celui qui parle peu avec Dieu ne peut parler de Dieu», relevant que le Christ se laisse trouver «de manière privilégiée» dans les Saintes Écritures. Là, affirme le Saint-Père, «celui qui sera prêtre découvre comment pense le Christ, comment il regarde le monde, comment il est ému par les pauvres, et peu à peu, il se revêt de ses mêmes critères et attitudes».
Une étude sérieuse pour une véritable pastorale
Le Souverain pontife rappelle par ailleurs l’indispensabilité d’«une étude sérieuse» pour «une véritable pastorale». «L'Église a toujours reconnu que la rencontre avec le Seigneur doit s'enraciner dans l'intelligence et devenir doctrine», écrit Léon XIV, indiquant que «l'étude est un chemin indispensable pour que la foi devienne solide, raisonnée et capable d'éclairer les autres». Il rappelle cependant que «celui qui se forme pour devenir prêtre ne consacre pas du temps à l'érudition par simple érudition, mais par fidélité à sa vocation», mais aussi la nécessité pour ceux qui se consacrent à des domaines particuliers de la connaissance d’être «toujours en pleine communion avec le Magistère».
La prière et la recherche de la vérité, un seul et même chemin vers le Christ
Le Saint-Père prolonge cette réflexion par une mise en rapport de la prière et la recherche de la vérité. Les deux, affirme le Pape, ne sont pas «des chemins parallèles», mais «un seul et même chemin qui mène au Maître». Il explique qu’«une piété sans doctrine devient un sentimentalisme fragile», tandis qu’«une doctrine sans prière devient stérile et froide». «Cultivez les deux avec équilibre et passion, sachant que c'est seulement ainsi que vous pourrez annoncer authentiquement ce que vous vivez et vivre avec cohérence ce que vous annoncez», exhorte le Souverain pontife. Il souligne par ailleurs que si la vie spirituelle et la vie intellectuelle sont indispensables, toutes deux doivent être «orientées vers l'autel, lieu où l'identité sacerdotale se construit et se révèle pleinement». «C'est là, dans le Saint Sacrifice, que le prêtre apprend à offrir sa vie, comme le Christ sur la croix », indique le Vicaire du Christ.
Fuir la médiocrité et la mondanité
Le Pape conclut son adresse aux candidats à la prêtrise par une invitation à « fuir la médiocrité, au milieu de dangers très concrets». Il cite la mondanité «qui dissout la vision surnaturelle de la réalité», l'activisme «qui épuise», la dispersion numérique «qui vole l'intériorité», les idéologies «qui détournent de l'Évangile» et la solitude «de celui qui prétend vivre sans le presbytère et sans son évêque», souligne l’évêque de Rome. «Un prêtre isolé est vulnérable. La fraternité et la communion sacerdotales sont intrinsèques à la vocation», insiste le Saint-Père, rappelant que l'Église a besoin de «pasteurs saints qui s'engagent ensemble, et non de fonctionnaires solitaires».
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