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Le père Browne, aux côtés du couple royal britannique lors de la prière oecuménique en la chapelle Sixtine Le père Browne, aux côtés du couple royal britannique lors de la prière oecuménique en la chapelle Sixtine  (@Vatican Media)

La visite du roi «confirme la proximité entre les Églises catholique et anglicane»

Le père Martin Browne, membre du dicastère pour la Promotion de l'unité des chrétiens, est en charge des relations avec les anglicans. ll revient sur certains des éléments principaux de cette journée historique entre le Pape Léon XIV et le roi Charles III, marquée par des rencontres et des prières œcuméniques.

Isabella H. de Carvalho et Xavier Sartre – Cité du Vatican

Un moment historique dans les relations entre catholiques et anglicans. Ce jeudi 23 octobre, le Pape Léon XIV a participé à divers événements avec le roi Charles III et la reine Camilla, notamment une prière œcuménique dans la chapelle Sixtine. La journée comprenait aussi une rencontre privée entre les deux dirigeants au palais apostolique et un service œcuménique dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, où le roi Charles a reçu le titre de confrère royal de Saint-Paul.

Le père Martin Browne, moine bénédictin irlandais et membre du dicastère pour la Promotion de l'unité des chrétiens, dont le travail se concentre sur les relations de l'Église avec la Communion anglicane, revient sur certains des éléments principaux de cette journée historique, en particulier les aspects œcuméniques et le thème fédérateur de la sauvegarde de la création.

Une série d'événements importants et historiques 

«L'un des aspects les plus significatifs est qu'aucun roi d'Angleterre n'avait prié au même endroit qu'un pape depuis avant la Réforme, bien avant la séparation de l'Église d'Angleterre et de l'Église de Rome», déclare le père Browne. Bien que de nombreux souverains britanniques aient visité le Vatican, la dernière fois qu'ils ont prié avec un pape remonte à 500 ans. Cet événement historique marque donc «une nouvelle étape dans le réchauffement des relations» entre les deux Églises, poursuit l’official du dicastère pour la Promotion de l’unité des chrétiens.

La cérémonie de l'après-midi dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs représente également l'inauguration d'«un nouveau type de relation entre la basilique et la couronne britannique».  Le roi étant devenu membre de la Confrérie royale, il a été «accueilli officiellement dans la basilique et assis sur un siège très spécial créé pour l'occasion», qui porte ses armoiries et le verset en latin de l'Évangile de Jean, Ut unum sint (Qu'ils soient un).

«Traditionnellement, avant la Réforme, les souverains anglais étaient connus comme les protecteurs de Saint-Paul-hors-les-Murs. L'abbaye bénédictine possède encore aujourd'hui un symbole de l'Ordre britannique de la Jarretière, qui est le plus haut ordre du Royaume-Uni, dans ses armoiries», précise le père Browne.

Prière commune du Pape et de l'archevêque d'York
Prière commune du Pape et de l'archevêque d'York   (@Vatican Media)

Un terrain d'entente visible entre les Églises

Le responsable du Vatican souligne que, puisque le roi Charles III détient également le titre de «gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre», il a souhaité donner une «dimension spirituelle» à son voyage, même s'il s'agissait d'une visite d'État au Saint-Siège. Pour le père Browne, le roi «souhaitait clairement exprimer une proximité qu'il estime déjà existante et la rendre concrète et visible» à travers les différents événements.

De plus, le Pape François, avec lequel la prière œcuménique avait initialement été prévue en avril mais avait dû être reportée en raison de son état de santé, puis le Pape Léon XIV, ont tous deux salué cette initiative. «Je pense que les deux parties reconnaissent que, même s'il existe encore des divisions entre nos Églises –des divisions très sérieuses sur toutes sortes de questions que nous abordons dans nos différents dialogues théologiques–, il existe un immense terrain d'entente, une foi commune, une tradition spirituelle commune», explique le père Browne.

Il souligne aussi que les deux cérémonies du jour ont été «préparées avec le plus grand soin, en collaboration avec la famille royale et la maison royale, par nos soins ici à Rome, et que chaque détail avait été minutieusement étudié et discuté».

Saint John Henry Newman: un témoin de la foi pour les deux Églises

Le père Browne rappelle que saint John Henry Newman était à l'honneur tant dans la prière du matin à la chapelle Sixtine que dans l'office de l'après-midi à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. L'hymne qui a ouvert la première liturgie a été écrit par saint Ambroise de Milan, mais la version anglaise chantée a été traduite par saint John Henry Newman. Dans le second office, l'hymne «Praise to the Holiest in the Height» (Gloire au Très-Haut, louange à Dieu) était tiré de son poème Le Songe de Gérontius.

«Saint John Henry Newman a passé la moitié de sa vie comme membre, puis prêtre, de l'Église d'Angleterre, et l'autre moitié comme membre, puis cardinal, de l'Église catholique», souligne le responsable du Vatican. Il est «une figure très importante dans l'histoire commune de la foi et du témoignage de nos deux traditions»«L'Église d'Angleterre a très fortement et chaleureusement soutenu à la fois sa canonisation et la récente décision du Saint-Père de le déclarer docteur de l'Église», insiste le père Browne. En effet, le prince Charles a assisté à la canonisation de Newman en 2019 et a récemment visité ses appartements dans la communauté oratorienne de Birmingham.

Un œcuménisme de notre maison commune

Un autre thème important qui a été particulièrement mis en avant dans les lectures et les psaumes présentés lors de la prière œcuménique du matin était le soin de la création. «Cette visite avait été initialement organisée du vivant du Pape François, dans le but d'honorer l'engagement commun du Pape François et du roi Charles en faveur de l'environnement, à l'occasion du 10e anniversaire de la publication de Laudato si'», explique le père Browne, ajoutant que Léon XIV avait accueilli favorablement cet événement, car il partageait le même engagement sur ce sujet.

«À l'origine, l'Église catholique s'est beaucoup inspirée», en matière d'environnement, «du monde orthodoxe grec et en particulier du leadership du patriarche Bartholomée. Depuis la publication de l'encyclique Laudato si', de nombreux autres chrétiens ont compris l'importance de travailler ensemble», reconnait l’official.

Pour le père Browne, on peut sans aucun doute parler d'un «œcuménisme de notre maison commune», car ces dernières années, «le sentiment que la protection de l'environnement est quelque chose dont nous devons tous témoigner ensemble à l'heure actuelle s'est considérablement renforcé».

 

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23 octobre 2025, 18:32